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L'écritoire du baladin
L'écritoire du baladin
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9 mai 2012

Évaporation

 

 

 

La lumière du jour passe timidement entre les volets mi-clos de la chambre. Paul est allongé sur le lit posé sur son dos douloureux. Ses yeux sont presque fermés dans cette période de semi sommeil où les rêves deviennent pensées, où les pensées deviennent projets pour meubler le temps et l’espace de cette journée. Mais cette journée qu’il anticipe sera sans grande imagination, pareille à celle d’hier, prélude à l’identique du lendemain. Lorsqu’il lève son corps pour lui redonner lentement une position verticale, chaque articulation lui rappelle son âge et que l’arthrose continue son œuvre destructrice.

Il grimace, cherche des pensées positives pour reléguer ses douleurs au second plan. Stratégie d’évitement, d’oubli de soi-même. En automate, ses pieds glissent dans ses charentaises bordeaux. Il pense à François qui les lui a offerts en cadeau pour son anniversaire au mois d’août. Il avait joint un mot : « Cher Papa, que cela tienne chaud à tes pieds pour réchauffer ton cœur ». Charles avait envoyé un foulard, lui aussi, voulait lui donner de la chaleur.

Seul, accoudé sur la table de cuisine de Béatrice, sa tasse de thé rouge fume, encore trop chaud. Il regarde le breuvage qu’un nuage de lait a transformé la surface en teinte sensorielle de peau bronzée. Un yaourt, une pomme complètent sa collation matinale. Une revue est là posée sur la table, à portée de sa main, il l’ignore. Ses pensées flottent pendant que son esprit poursuit sa phase d’éveil. Déjà plus de vingt ans qu’il est là dans cette région nantaise, qu’il est venu ici rejoindre cette femme, amour de son enfance. Amour qu’il avait longtemps considéré comme perdu. Vingt ans de bonheur, et puis… il regarde les murs de la maison de Béatrice, il regarde le décor qu’elle a voulu, qu’elle a composé. Mais Béatrice n’est plus là. Plus là, mais tellement présente. Béatrice s’est échappée, son esprit s’est échappé pour un autre monde, un monde d’une autre sensibilité. Cette maladie d’Alzheimer est venue, insidieuse il y a un peu plus d’un an. D’abord des oublis, des étourderies. Ils ont ri de tout cela. Puis elle s’est égarée dans Nantes, oubli de son nom, oubli de l’adresse ; des gendarmes courtois et attentionnés l’ont reconduite à la maison. Paul a tout de suite compris. Sur le lit, il a allongé Béatrice, s’est allongé contre elle en silence et l’a serrée fort dans ses bras. Ils n’ont pas bougé, ils se sont endormis. Le lendemain matin, Paul a vu sur l’horloge du temps, qu’une nouvelle tranche de vie commençait. La dernière ? Le médecin, le neurologue, tout s’est enchaîné très vite, trop vite. Ses garçons sont venus, ils lui ont expliqué la nature de la maladie, lui ont apporté leur soutien, leur compréhension, puis sont repartis retrouver leur vie, ailleurs.

Il finit la dernière goutte de sa tasse qu’il pose devant lui, doucement comme pour ne pas faire de bruit dans cette maison vide. Il ne bouge pas encore, il pense à sa visite qu’il fera cet après-midi, comme tous les jours, comme tous les après-midi. Il pense à tous ces petits travaux à faire pour gérer la maison qu’il habite depuis vingt ans et qu’il a toujours appelé la maison de Béatrice. Il s’y sent bien, mais comme un invité privilégié. Il est des endroits dans la maison que Paul ne connaît toujours pas, considérant ces lieux comme des espaces personnels de Béatrice.

Quatorze heures sonnent au carillon dans l’entrée quand il quitte la maison après avoir pris un peu de repos dans le gros fauteuil. Son repas a été léger, il n’a plus d’appétit, il perd du poids et le temps est loin où il était obligé d’aller passer quelques semaines en Savoie pour retrouver une taille normale. Pendant son temps de repos, il a pu écouter battre son cœur qui cognait un peu fort dans sa poitrine. Il s’est souvenu de ce jour, il y a quatre ans, peut-être cinq où une douleur vive s’était installée dans sa poitrine. Perte de repères, grimace. Il s’est effondré dans le fauteuil et Béatrice ne s’est affolé que quelques minutes, son réalisme a vite repris le dessus en comprenant la situation. Appel des services médicaux d’urgence, tentative de massage cardiaque, arrivée des hommes en blanc. Transfert à l’hôpital, sirènes hurlantes. Ce bruit est encore gravé dans la mémoire de son oreille. Mi-do-mi. L’hôpital, urgences, salle d’opération, le trou noir. Il lui a fallu plusieurs mois pour retrouver une activité de vie normale.

Avec un voyage organisé, ils sont partis quelques jours pour visiter Bruges afin de fêter le retour à cette vie qu’ils ont su reconstruire. Ils ont aimé la forte architecture flamande de la Grande Place, si riche, si imposante symbole du pouvoir de l’argent qui s’expose. Puis tranquillement balade en calèche ou sur les canaux de cette Venise septentrionale. Promenade de vieux amoureux qui, main dans la main, découvrent les yeux grands ouverts pour laisser leurs cœurs se pénétrer de nouvelles émotions.

Ses genoux grincent lorsqu’il se lève du fauteuil. Il se chausse confortablement, enfile sa veste chaude parce que le froid humide est arrivé sur la région. Il revient sur ses pas pour prendre l’écharpe offerte par Charles.

Il arrive à la station de bus en même temps que le véhicule bleu et blanc. Il monte, reconnaît le chauffeur, un sourire, signature d’humanité. Il regarde ce paysage urbain, note les détails de changement, insignifiants parfois. À l’arrêt, les freins sont bruyants, une jeune femme se recule pour le laisser passer. Où est le temps où c’était lui qui s’effaçait pour laisser passer une dame, rituel de courtoisie galante.

Il se dirige en marchant d’un pas lent vers l’établissement qui abrite aujourd’hui Béatrice. Maison spécialisée pour personnes dépendantes. Cette maison s’appelle : « Les Pivoles » ancien nom des plantations de peupliers qui occupaient les lieux. Dès son entrée, il tombe dans le rite des visites quotidiennes. Il tire la grande poignée de la double porte, salue les personnes se trouvant dans le hall par un sonore :

- Bonjour, Mesdames !

Les visages se tournent, airs égarés, étonnés, un borborygme fait office de réponse. Elles sont là en attente de qui, de quoi ? Peut-être de rien. Elles attendent pour beaucoup le visiteur qui ne viendra pas. Il a appris à sourire à ces visages perdus, et il sait que son sourire pénètre à l’intérieur des zones sensibles des personnes à qui il est destiné. Plus loin dans la salle commune, il va vers madame Andrée. Elle ne l’a pas vu arriver, il pose ses mains sur les épaules, regarde les boucles blanches. Elle tourne la tête en souriant, elle a reconnu le contact des mains. La droite glisse sur le bras un mouvement de caresse. Elle est émue par le geste.

Ascenseur, deuxième étage, chambre 221. Devant la porte, il frappe. Il ne s’est jamais permis d’entrer dans la chambre de Béatrice sans frapper. Comme d’habitude son cœur s’agite en tirant sur la large porte. Comme d’habitude, elle est là, comme hier, comme les autres jours. Assise dans sa chaise roulante, face à la fenêtre, devant le même paysage qui évolue au fil des saisons. Avec la fraîcheur, les arbres se sont effeuillés, libérant un autre point de vue. Béatrice n’a pas bougé à son entrée. Il la regarde comme une photographie statique. Ses bras sont posés sur le côté du fauteuil. Il ralentit son pas, regarde encore, avance, tend la main. Ses doigts se posent à la base du cou, trouvent la peau douce, caressent doucement. Ils connaissent par cœur cette parcelle de peau, cette caresse qu’il lui a si souvent offerte dans leurs moments d’intimité.

Il n’est pas sûr, on n’est jamais sûr avec cette maladie, mais il perçoit qu’elle ressent cette caresse, qu’elle se souvient de cette caresse. Paul imagine que les perceptions de Béatrice n’ont pas changé, seulement elle ne peut plus communiquer son plaisir de les recevoir. Complexité de cette maladie et plus encore, complexité de la compréhension de cette maladie. Doucement il l’embrasse, le front, les joues, les mains. Il surveille dans ses yeux ce petit rien, un mouvement, un éclat qui va accuser réception de son geste. Il croit voir un éclat dans sa pupille, une légère crispation de sa main. Il est certain de ce regard, il est certain du mouvement. Ces certitudes lui appartiennent, lui font du bien. Petits bonheurs fabriqués, illusions acceptées, entretenues, il commence alors à lui parler, doucement, petites confidences amoureuses.

- Béatrice, tu es belle, tu es toujours très belle…

- Béatrice, je t’aime, quelle que soit la situation de ta santé, je t’aime…

- Béatrice, tu m’as fait vivre des années de bonheur, nous avons partagé des moments merveilleux, je suis toujours avec toi.

- Je t’aime, je t’aime…

Des perles humides amplifient le brillant de son regard. Ce regard de vieil homme toujours amoureux. Assis à côté d’elle il reste maintenant en silence, communion passive de tendresse. Sa main est dans la sienne, calmement, passivement. Il laisse son cœur reprendre un rythme normal. Il ressent juste une colère profonde lovée en lui, colère sourde, sans destinataire. Pourquoi cette maladie ? Pourquoi à elle ? Pourquoi à eux ? Valse infernale des pourquoi, son athéisme ne lui permet même pas d’invoquer la volonté d’un créateur universel.

Paul caresse la main, le bras de Béatrice, sans autre pensée que celle de vouloir lui apporter un moment de douceur.

- C’est très important le contact tactile, les caresses chez les personnes souffrant de cette maladie.

C’est la psychologue attachée à l’établissement qui lui avait dit cela un jour de bavardage. De cette personne, il aimait le langage précis de femme cultivée. Langage soutenu qui cherche à apporter de la simplicité dans le regard que l’on porte sur la maladie ou sur les malades. Il aime sa présence forte, la croyance qu’elle porte aux domaines de sa compétence. Il aime son regard aux petits yeux dont les pétillances oscillent entre réflexion et rires. Il aime son visage fin taillé en douceur et sa bouche toujours prête à laisser échapper un rire ou un sourire.

Les mains de Paul passent et repassent sur cette peau qui se parchemine, fine à l’extrême par l’usure du temps. Parfois, la tête de Béatrice tourne, laisse échapper un râle, puis elle retombe sur sa poitrine comme épuisée par l’effort. Paul enregistre ces mouvements, ces bruits comme des signes de communication. Il y croit, qu’importe la réalité.

Deux petits coups sur la porte qui s’ouvre, une blouse vert clair apparaît.

- Bonjour Monsieur Paul, comment allez-vous ?

- Bonjour Corinne, je vais bien, enfin j’essaie ! Et vous-même, toujours fidèle à la maison ?

- Toujours, vous savez comme j’aime ce que je fais ici. Toutes les résidentes sont mes amies !

- Vous dites toutes, il n’y a pas d’hommes ?

- Seulement deux, nous avons surtout des femmes.

- Est-ce une maladie typiquement féminine ?

- Non pas vraiment, mais comme c’est une maladie du grand âge, la différence entre hommes et femmes se fait sentir. Les hommes sans doute, meurent avant que la maladie s’établisse. Quoique Madame Béatrice est la plus jeune de nos résidentes.

- Oui, elle est trop jeune pour être là, mais… Comment la trouvez-vous en ce moment ?

- Bien, enfin pas plus mal que ces derniers temps. Elle est toujours calme, douce. Sans doute des qualités qu’elle possédait déjà avant de venir nous rejoindre.

- Oui, une femme pleine de gentillesse, très douce, tant dans ses gestes que dans ses paroles. Regardez la douceur de sa peau.

- J’aime vous voir ensemble, vous êtes un beau couple, un vrai couple. Vous êtes mariés depuis longtemps ?

- Nous ne sommes pas mariés, seulement amis, seulement amants. Béatrice est une amie d’enfance et de jeunesse, puis nous nous sommes perdu de vue et retrouvés, il y a vingt ans.

- Quelle belle histoire ! Tenez, voulez-vous l’aider à manger cette crème et boire un peu ?

- Oui, je vais m’occuper de cela. Oui, nous avons eu une belle histoire, souvent complexe, un peu courte mais si dense. Faites-moi passer sa serviette s’il vous plaît.

- Voilà, je vous laisse tous les deux, je repasserai dans un moment.

Paul se retrouve dans ce tête à tête particulier où il porte la nourriture à la bouche de Béatrice. D’une Béatrice indolente, absente. Les mouvements de déglutition n’étant gérés que par les automatismes de son cerveau reptilien. Il redoute et il aime ce moment intime où il se souvient d’autres moments de leur intimité. Avec délicatesse, avec précaution pour ne pas heurter, il porte doucement les cuillers à la bouche qui s’entrouvre à peine. Il aide le passage de l’aliment, il lui parle. Il lui parle de leur histoire, lui raconte des moments particuliers, lui dit des : « Te souviens-tu du jour où… »

Tous les jours il a ce type de dialogue unilatéral où les mots accompagnent les mots, où il essaie de la rassurer en se rassurant lui-même. Il la regarde comme il regardait la petite fille chez Charles et Albertine. Il regarde la jeune fille qu’il a aimée. Il regarde la femme qu’il a retrouvée. Dans ce visage devant lui, ce sont des visages multiples qui s’éclairent aux lueurs des rythmes d’une vie. Puis le film s’arrête et il n’a plus devant lui qu’un visage de Béatrice au présent. Visage vide, presque insensible ou d’une sensibilité inatteignable. Alors sa tristesse se fait lourde. Il la regarde intensément, il regarde cette vie qui s’échappe de ce corps de femme, de cette femme qu’il a aimée, de cette femme qu’il aime toujours. Intensément.

Le temps a passé, comme chaque jour, il quitte discrètement les Pivoles en évitant les rencontres, en évitant les regards, en évitant les questions :

- Alors, comment ça va aujourd’hui ?

Que répondre à cette question ? Paul sait parler de ses joies, il sait mal évoquer ses tristesses. Souvent dans sa vie, il a donné le change en faisant des traits d’humour pour se dériver de ses évocations. Dans le bus du retour, il sent son esprit chaotique, les idées s’entrechoquent comme des billes dans une boîte trop large.

Ses épaules sont basses lorsqu’il marche sur le trottoir pour rejoindre la maison de Béatrice. Il a fait quelques courses chez un petit commerçant du quartier. Comme à chaque visite, le commerçant lui fait un large sourire en forme de gratification. Dans la maison, il se pose comme une masse inerte dans le grand fauteuil. Comme tous les soirs, il est triste, profondément triste, ses épaules, ses hanches deviennent lourdes. Il sent que l’épuisement le gagne. Il somnole un instant, il se sent inutile. Ce mot flotte dans sa tête, même s’il est contradictoire avec ce qu’il fait pour Béatrice chaque jour. Il se relève en secouant sa tête, se sert un verre de Muscadet et met le concerto pour violon de Mendelssohn dans le lecteur de disque. Il s’assied de nouveau, déguste ce vin qu’il aime avec les harmonies vibrantes du violon. Une vie se réinstalle dans son espace pour un instant, juste un instant.

Ses pensées s’égarent vers des chemins où il ne veut pas aller. Cette réflexion sans fin qu’il a eu souvent au cours de sa vie, cette réflexion sur l’au-delà. Il perçoit que tous les points de vue qu’il a pu émettre, parfois avec force, sont en train de s’émietter comme une citadelle de mots qui s’érode aux vents de la réalité trop présente. Cette réalité de son quotidien, à laquelle il faut faire face, pas par courage, mais parce qu’il n’a pas le choix. Alors, il se force à donner l’impression d’être courageux, mais il n’est pas dupe de lui-même.

 

Que reste-t-il de Béatrice ? Une femme qu’il regarde, encore belle, toujours belle, image mélangée de la femme qu’il voit et des images de sa mémoire. Aujourd’hui cette femme automate le regarde avec ses yeux béats. Elle sourit parfois sans savoir à qui ni à quoi. Lui il est là, fatigué, fatigué de savoir que demain, il ira voir Béatrice, qu’après demain, il ira voir Béatrice et les jours suivants aussi. Il aime toujours Béatrice, sincèrement, mais il sent aussi cela comme un devoir, comme une charge, comme un poids. Alors ce soir il ose formuler sa pensée. Il voudrait que cela finisse, il voudrait que la vie de Béatrice finisse. Il n’y a plus de bonheur dans ses yeux, il n’y a plus d’espoir d’amélioration lui a dit le médecin. À quoi bon vivre quand la vie de l’esprit n’est plus, quand il n’y a plus de possibilité de partage. Il voudrait qu’elle s’éteigne comme cette chandelle dont la mèche devient trop courte. Un mot fin qui s’écrirait en lettres minuscules.

Il se ressaisit, il a honte de sa pensée, se souvient d’un débat contradictoire comme les chaînes de télévision savent bien offrir. Il se souvient de sa pensée à ce moment-là.

- Comme c’est facile de parler de tout cela confortablement assis dans un fauteuil en ayant la certitude que tout le monde va bien dans sa famille. Facile de réfléchir pour les autres. Cette pensée tourne dans sa tête, elle reste présente, sans violence. Il réfute toute idée d’euthanasie. Paul ne veut pas de cela. Mais il sait aussi que, dans ces circonstances, toute mort est libératoire. Pour la personne qui souffre comme pour celle qui est à ses côtés pour l’accompagner dans ce passage. Il sait très bien combien cette pensée peut-être choquante, en particulier pour ceux qui ne sont pas dans la situation où il est.

Encore un instant, il pense à ceux qui croient en Dieu. Il voudrait comme eux pouvoir le prier. Le prier d’arrêter cet état de Béatrice, de la prendre, de la reprendre et de garder soigneusement son âme. Il voudrait prier comme un geste de dernier recours. Mais…

 

- Même les plus jolies fleurs se fanent un jour–

© Pierre Delphin – mai 2012

 

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Commentaires
R
a cowboy gun, some tinsel pompoms and youe sure to be the toast of the party.
D
Merci pour votre passage, ça m'a bien fait plaisir ! Pascal.
S
Vous allez bien Pierre ? Je viens de relire votre texte si émouvant..
A
"émotion" mes yeux se noient à la lecture de ce texte...:réalisme, nostalgie, romantisme, amour-amitié, éternité et tellement de tendresse!<br /> <br /> De plus, les mots sont comme "bonbons fondants" et qu'avec tant de talent ces choses là sont dites.<br /> <br /> ANY
S
Un beau texte pour accompagner un sujet si douloureux.
L'écritoire du baladin
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