- Maman ! Maman ! le bébé est arrivé.
- Qu’est-ce que tu racontes, viens déjeuner.
- Maman, le bébé est là !
- Quel bébé mon chéri ?
- Ben, le bébé de Paola.
- Quoi ! Déjà ! Viens, j’ai fait ta tartine.
- Mais, Maman, viens voir !
- Oui, j’arrive, je sers ton chocolat.
- Mais Maman !
- Elle est où Paola ?
- Ben, dans ma chambre.
- Tus sais que je ne veux pas que tu emmène Paola dans ta chambre. Surtout la nuit !
- Mais Maman, c’est particulier, Paola attend un bébé. Enfin, elle attendait un bébé. Parce que le bébé, eh ben, il est né cette nuit.
- Fais voir…
- Regarde, il est tout petit. Est-ce que je peux le toucher ?
- Pas tout de suite. Je ne comprend pas, le vétérinaire avait dit qu’il naîtrait que dans deux semaines !
- Ben, il est en avance ! Moi aussi Maman, j’étais en avance, c’est toi qui me l’a dit !
- Oh, pour ça oui, tu étais en avance ! J’ai eu assez de soucis avec toi. Mais aujourd’hui, tu vas être en retard !
- Regarde comme c’est joli tout petit.
- Oui, regarde Paola comme elle cherche à lui tenir chaud. Je faisais pareil avec toi. Paola sera une très bonne Maman !
- Dis Maman, on dit une cochon d’Inde ou une cochonne d’Inde ?
- Ben, je ne sais pas… On dit : Paola.
- Faut lui donner à manger à Paola, elle doit avoir faim.
- Oui, je vais lui donner des légumes, des grains et un peu de lait.
- Oui, oui, du lait, c’est bon pour les Maman Paola.
- Oui, c’est bon, mais toi, tu devrais vite aller boire ton chocolat et manger ta tartine, sinon, tu vas être en retard.
- Oh Maman ! Je peux le caresser avant de partir ?
- Non, je pense qu’il faut attendre un peu. C’est un prématuré, comme toi. Alors, il faut être très prudent.
- Personne ne m’a touché quand j’étais petit bébé ?
- Non, tant que tu étais en couveuse, juste Papa et moi, pouvions te toucher et un petit peu seulement.
- J’étais en couveuse ? Comme les poules ?
- Oui, c’est pour cela que je t’appelle mon poulet parfois et que tu as des plumes sur la tête !
- Maman ! Tu te moque de moi, d’ailleurs, tu es en train de rigoler. Tu as mis quoi comme confiture sur les tartines ?
- De l’abricot de chez Mamie Colette.
- Oh, chic, elle est bonne !
- Qui ? la confiture, ou Mamie Colette ?
- Ben, la confiture. Mais, Mamie Colette aussi, elle, elle est gentille.
- Ton cartable est là, met ton blouson et ton écharpe.
- Oui, attend ! Je vais aller dire au revoir à Paola et à son bébé.
- Oui, mais fais vite !
- Comment on va l’appeler ?
- Je ne sais pas, choisi un nom, toi.
- Pilou, je veux l’appeler Pilou.
- Et bien, soit. Ce sera Pilou.
- Je pourrais être son parrain ?
- Oh, si tu veux. Mais je ne sais pas si on baptise les cochons d’Inde.
- Ben, pourquoi pas ? Si je suis son parrain, toi, tu seras sa marraine.
- Et bien, me voilà avec un grade de plus ! Allez, petit chenapan, on file à l’école. Tu sais que tu dois revenir ce soir avec des bonnes notes.
- Oh, Maman, des fois c’est difficile pour avoir des bonnes notes.
- Peut-être, mais un bon parrain doit toujours avoir des bonnes notes pour donner le bon exemple à son filleul.
- Même pour Pilou ?
- Même pour Pilou !
© Pierre Delphin – décembre 2017