Nous avons marché
Longtemps nous avons marché
Côte à côte, mains relâchées.
Nous avons souvent oublié
De seulement nous regarder.
Nos gestes de prudence
Ont parfois esquissé
Une attente espérée
Laissée en indifférence.
Où je n’étais pas,
Tu m’attendais.
Où tu n’étais pas,
Je revenais.
De rendez-vous solitaires
En rencontres avortées,
Nous n’avons pu que taire
Un bout d’avenir espéré.
Regards levés sur les cieux
Regards à jamais parallèles,
Je n’ai pu voir tes yeux.
Ai-je pu voir que tu es belle.
La mort m’a guettée
De trop d’amour enveloppée.
Mort souvent attendue
Par une camarde jamais repue.
Infâme tristesse matinale
Douloureuse arthrose cérébrale.
À l’heure où s’efface le rêve
Sur le col menace le glaive.
Mon oreille n’attendait qu’un mot
Un partage ou une contrition
Pour faire que ce jour soit beau,
Il suffisait d’un peu d’abandon.
Toujours j’ai eu peur de toi.
Intelligente tu m’étais
Intelligente tu te savais.
Toi aussi avais peur de moi.
À quoi bon l’intelligence
Quand on ne sait garder
Et qu’on laisse par négligence
Les trésors à notre portée.
© Pierre Delphin - septembre 2012