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L'écritoire du baladin
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25 avril 2010

Vengeance tardive … (4)

suite…

Ce sont les bruits de bavardage qui l’ont réveillé. Un agent bedonnant à la face pleine de gentillesse lui apporte un gobelet de café en lui disant sur le ton de la confidence :

- C’est tout ce que je peux vous offrir, nous ne sommes pas encore très au point en ce qui concerne l’hôtellerie ! Vous avez tué le notaire. C’est moche ce que vous avez fait, même si ce n’était pas un type bien.

Puis d’une voix plus posée :

- Vous allez chez le juge dans un quart d’heure.

En entrant dans le bureau, il fait le constat : Tiens le juge est une femme, comme à la télé. Un mince sourire contracte ses lèvres un court instant. Sur la porte, une plaque de cuivre indique : Madeleine Berkman - Juge. Il salue courtoisement, et au geste de la juge tire un siège et s’assied. Elle lui repose les sempiternelles questions d’identité, il répond. Elle lui expose les motifs de sa présence dans ce bureau et lui demande s’il reconnaît les faits. Il répond oui.

- Avez-vous choisi un avocat ?

- Oui, Maître Régis Brot. Mais je ne l’ai pas encore prévenu.

- Nous le ferons pour vous. Merci de prendre contact greffier.

Une jeune femme mince entre pour parler à l’oreille de la juge. Elle se penche et lui dévoile l’ouverture de son chemisier. À cette image, se superpose la vision de Sofia lorsqu’ils vivaient ensemble. Même beauté fine raffinée et ô combien délicate. La juge la regarde dans les yeux pour lui dire merci et la jeune femme se retire dans un sillage parfumé. La juge relit la fiche qui vient de lui être apportée, puis questionne.

- Expliquez-moi les circonstances des faits et pourquoi vous avez fait cela.

- Ce que j’ai fait ne concerne que ma conscience, je n’ai rien à ajouter à cela, rien à expliquer.

- Si ! Il faut m’expliquer et en détail.

- Non !

- En agissant ainsi vous vous mettez en position d’injure à magistrat.

- En aucun cas je ne veux vous injurier. Mais attendez que mon avocat soit là, il parlera pour moi.

Il cria presque :

- Moi je ne peux pas !

Elle comprend vite que l’homme qu’elle a en face d’elle est au cœur d’un secret, d’un lourd contentieux qu’il faudra petit à petit faire émerger pour que la vérité apparaisse. Elle connaît bien Régis Brot pour son humanisme et considère qu’il sera sans doute le vecteur de la vérité. Elle regarde encore l’homme qui lui fait face, c’est un criminel, pourtant il paraît faible, troublé, sympathique. Elle lui tend la main pour signifier la fin de l’entretien. Les deux gardes entrent, il sent la froideur de l’acier des menottes qui se referment sur ses poignets. Docilement il les suit la tête basse. Juste un mouvement pour regarder la juge par-dessus son épaule, il lui fait un pâle sourire.

à demain pour la suite…

© Pierre Delphin - avril 2010.

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