- Merci au Carré 30 -
B- Salut Jean, comment vas-tu ? Qu’est-ce que tu veux boire ?
J- Je veux bien un petit Mâconnais.
B- Didier, soit gentil de servir un Mâconnais pour Jean, et tu refais le niveau du mien.
J- Bertrand, je suis venu pour que tu me raconte ta soirée dans ce nouveau théâtre.
B- Nouveau théâtre ! Tu parles, il a quarante ans dont quinze sous le nom de Carré 30 avec pratiquement la même équipe.
J- Alors ils sont très discrets, je ne les connais pas.
B- Moi non plus, mais il faut bien reconnaître que nous ne sommes pas des hyper consommateurs de théâtre.
J- En fait, lorsque j’étais à l’école, ils nous emmenaient aux Célestins pour voir les classiques. Corneille, Racine… peut-être que l’on m’avait mal expliqué, mais j’ai été un peu dégouté de ce théâtre auquel je ne comprenais pas grand-chose.
B- Moi, j’aimais un peu Molière parce que c’était un peu drôle, mais bof !
J- Oui, nous ne sommes pas vraiment des mecs de grande culture, et nous avons plus appris à travailler avec nos mains que d’écouter des trucs intellos.
B- C’est vrai, mais en prenant de l’âge, je m’intéresse plus aux trucs de philosophie – Quand je les comprends – et aux textes de réflexion.
J- Moi aussi, maintenant, je passe pas mal de temps à la lecture de revues, mais aussi de bouquins.
B- Justement, lorsque j’ai reçu l’appel pour m’inviter, j’étais en train de lire « Chagrin d’école » de Daniel Pennac. Et la pièce de théâtre est de lui. Quel hasard !
J- Effectivement, tu connaissais cet acteur avant ?
B- Peu. Seulement entendu parler. Dommage, car son écriture est très belle, très présente, très sincère.
J- Et la pièce de théâtre, c’est quoi le titre ?
B- En fait, c’est un monologue, un livre qui est dit et joué par un acteur. Le titre c’est : « Merci »
J- Merci ?
B- Oui c’est le titre. L’auteur a imaginé un monologue d’un lauréat primé pour l’ensemble de son œuvre et contraint aux remerciements officiels. Le pauvre !
J- Donc, il n’y avait qu’un acteur, faut qu’il soit costaud pour mémoriser un bouquin entier !
B- Oui, il s’appelle Jacques Boutry. Vraiment un homme de talent puisque ce soir là il jouait seulement pour la deuxième fois ce texte. Il est très bien dans ce rôle, je n’ai jamais eu l’impression qu’il récitait, mais qu’il vivait son rôle avec une telle intensité que les mots avaient l’air de sortir tout frais de sa bouche et de son esprit.
J- Il était donc seul en scène. Ça ne doit pas être simple.
B- La mise en scène d’Hugo Verrechia est très sobre : une chaise, un bloc représentant un frigo d’hôtel, un trophée très baroque. Et bien sûr le smoking du personnage qui s’était bien habillé pour la circonstance.
J- J’ai souvent remarqué que les trophées avaient souvent des allures baroques, parfois même stupides… à part les oscars, ceux là, je les trouve sympas. Mais ce théâtre, c’est où, je connais bien Lyon, mais je ne l’ai jamais vu.
B- Imagine trois mètres de façade sur la rue Pizay, c’est tout.
J- Donc c’est juste à coté de l’opéra.
B- Oui tout près, mais dans la partie de la rue Pizay de l’autre coté de la rue de la République, au 12.
J- Et la salle, c’est grand comment ?
B- Je dirai plutôt : c’est petit comme ça. La grandeur d’une salle de séjour.
J- Non ! C’est si petit ?
B- Oui, il n’y a pas de sièges, mais trois gradins avec des coussins. Globalement c’est confortable, mais surtout très sympathique. La capacité de la salle est de 30 places environ, selon l’indice de tassement sur les gradins, ce n’est pas le Zénith ! Mais l’acteur est là juste devant nous, c’est très chaleureux.
J- C’est surprenant une telle salle !
B- Il faut beaucoup de talent et de savoir-faire et d’implication à l’équipe de gestion pour maintenir un établissement comme cela en vie. Il faut surtout une grande qualité des textes et du jeu des acteurs. L’accueil est particulièrement convivial, à la sortie on se quitte avec le verre de sangria de l’amitié.
J- Et bien si les Célestins faisaient pareil, ils pourraient offrir le champagne ! Mais parle-moi de la pièce. Ça raconte quoi ?
B- C’est difficile de la résumer, parce qu’elle-même est un résumé. L’auteur envisage toutes ces circonstances où des personnes sont amenées à dire « Merci » Son chapitre sur les hommes politiques est particulièrement délicieux, l’acteur se régal, je suis sûr qu’il pense à quelqu’un en particulier ! L’auteur nous entraîne à réfléchir à la sincérité de ce mot. Il se questionne pour savoir qui remercier et qui ne pas oublier. Quels sont les différents cercles qu’il faut remercier, la famille, les amis, les autres. Et quoi dire lorsqu’on a dit Merci…
J- Ils présentent cette pièce jusqu’à quand ? Tu m’as donné envie.
B- Jusqu’au 14 mars, dépêche-toi, c’est une bonne soirée garantie.
J- Oh Didier, tu nous remets ça !
© Pierre Delphin – mars 2010
Le Carré 30 se trouve au 12 de la rue Pizay à Lyon 1er
Tél : 04 78 39 74 61 - carre30lyon@free.fr - http://carre30lyon.free.fr
Prévenez vos amis lyonnais pour qu’ils aillent voir cette pièce de Daniel Pennac dite par Jacques Boutry. Ils vous diront : Merci !