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L'écritoire du baladin
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23 octobre 2009

Avez-vous lu La Cabane ?

La_cabane_001

Hélène m’avait conseillé la lecture de ce livre. J’en ai fait l’acquisition, et comme je lui avais promis de donner mon point de vue sur ce livre, voici l’analyse que j’en ai faite, à ma façon.

http://ecriredeplaisir.canalblog.com

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A propos du livre : “La Cabane” de Paul Young

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Le vent vient de se lever légèrement, contribuant à une sensation de fraîcheur bienfaisante pour cette fin de journée d’été indien. Je viens de poser mon livre sur la chaise a coté de moi. Il ne comportait pas le mot fin, mais il n’y avait plus de page à lire. En fait l’histoire aurait pu se continuer encore un peu. Je suis dans une sorte d’état de grâce que je peux avoir à la fin d’un bouquin, frustré qu’il soit déjà fini. Ceci a une valeur particulière pour moi qui ai tant posé de livres alors que j’en étais à peine à la moitié.

Je rêve à cette histoire qui m’a entrainé, ou plutôt conduit dans des réflexions très profondes alors que sa base même est en contradiction fondamentale avec ma propre vision du monde. Ces idées flottent dans ma tête qui regarde le balancement du sommet de mes arbres (j’aime utiliser ce possessif pour parler d’eux que j’ai planté il y a plus de trente ans). Mais la clochette du portillon tinte d’un joyeux ding-dong que le vent essaime dans le jardin.

En regardant dans cette direction, je vois un bras qui me fait signe, un sourire ouvert comme une fleur au soleil. C’est Lucille. Mon amie Lucille. Avec elle, nous ne cherchons plus à compter le temps depuis lequel nous sommes amis. Nous sommes amis, c’est tout. Nous connaissons nos joies et nos peines réciproques. Peu de choses restent secrètes entre nous.

(L) - Bonjour Pierre, je peux entrer ?

Elle a déjà fait cinq mètres dans le jardin quand elle pose cette question dont elle n’attend évidement pas de réponse.

(L) - Tu n’aurais pas un verre d’eau fraîche à m’offrir ?

(P) - Pas de problèmes, mais quand tu m’auras fait la bise !

Nous rions en nous embrassant. En buvant une première gorgée d’eau, elle regarde le bouquin posé sur la table.

(L) - La Cabane de Paul Young ! Alors tu l’as fini ? Tu m’as promis de me donner ton avis en fin de lecture.

(P) - Je viens juste de le poser, il y a moins de cinq minutes, je lisais encore la genèse du récit. Comme d’habitude, quand tu me conseilles un livre, c’est plein centre de la cible. Tu me connais tellement que tu sais a l’avance comment je vais réagir a une lecture.

(L) - Oui, je pense bien te connaître, tout comme tu me connais bien aussi. Pour ce livre, il en allait tout autrement. Je ne suis pas certaine de ta réaction. Je connais ton athéisme réfléchi et j’ai un peu peur de ce livre qui parle de dieu d’une manière si particulière, t’agace ou te semble futile.

(P) - Ah pourquoi ? Ce livre parle de Dieu ? Je n’ai pas remarqué.

(L) - Arrête de plaisanter, et dis-moi si tu as aimé ce roman ?

(P) - En fait je ne plaisante pas ou à peine. D’abord pourquoi tu dis : Un roman ? Est-ce un roman d’amour ?

(L) - Bien sûr puisque l’amour ruisselle à chaque page.

(P) - Tu aurais pu me dire aussi que c’est un traité de théologie.

(L) - Là je ne crois pas, enfin pas vraiment. Un traité de théologie ce n’est pas ça du tout.

(P) - Bon d’accord, je ne suis d’ailleurs pas du tout compétent dans ce domaine. Mais je crois que l’auteur a été d’une adresse remarquable pour rester en limite de cette catégorie. Alors est-ce un thriller de type Dan Brown ?

(L) - Oh que non, quand même tu ne peux pas comparer ce livre au Da-Vinci Code ou a Forteresse Digitale ?

(P) - Non bien sûr!, mais quand même l’histoire est prenante avec une bonne dose de suspense. Tout au long de la lecture je me suis demandé comment tout cela allait finir, ou par quel chemin de la pensée voulait nous emmener l’auteur. Et boum, c’est au croisement un peu brutal de deux voitures que l’histoire change de direction.

(L) - Est-ce que tu as imaginé que c’était un livre de science fiction ?

(P) - Je déteste les livres de science fiction. J’essaie de vivre au présent, riche de mon passé, sans prendre le futur a crédit. Au moment ou l’histoire bascule et fait apparaître Dieu avec Jésus et le saint Esprit, l’idée de science fiction m’est apparue et cela m’a agacé.

(L) - Mais tu as lu ce livre jusqu’au bout ?

(P) - Oui bien sûr. En fait j’ai abandonné l’idée de science fiction quand l’auteur a présenté Dieu comme une grosse femme noire. Une mama en quelque sorte qui en plus se fait appeler Papa ! J’ai trouvé cela très marrant. J’ai même pensé à la tête du Pape s’il vient à lire ce livre, j’en rigole encore.

(L) - Tu n’aime toujours pas le Pape ?

(P) - Non ce vieux inutile n’est pas du tout convainquant pour moi. D’ailleurs je respecterais le Pape lorsque ce sera une femme de 45 ans mère de 3 enfants, épouse d’un homme qui aime le foot et qui travaille chez France Télécom. Là, le Pape pourra parler de la vraie vie ! Je n’ai jamais vu un végétarien donner la recette de l’andouillette moutarde.

(L) - Voilà un point sur lequel tu ne changeras pas. Mais ce livre vas-tu le ranger sur ton étagère : “Spiritualité” ?

(P) - Comme d’habitude, tu avances de-ci de-là et hop tu mets la main sur la bonne étagère. Oui, c’est surement sur cette étagère là que je vais ranger ce livre. Quoi que tu aurais pu me demander si je ne le classais pas dans la rubrique : Romans policiers puisque au début, il y a un meurtre, et qu’a la fin le coupable est jugé.

(L) - Non je ne serai pas allé si loin, mais je reviens à ton étagère “spiritualité”. La Cabane de Paul Young sera à coté de quels livres ? Tu ne dois pas avoir beaucoup de livres sur la vie de Jésus et de ses saints à ce qu’il me semble.

(P) - Détrompe-toi, j’ai beaucoup de textes fondamentaux sur toutes les religions, et c’est dans ces livres que j’ai forgé ma propre conviction. Pour l’ouvrage de Monsieur Young, il devra côtoyer “Pour une spiritualité sans Dieu” d’André Comte Sponville et de quelques autres bouquins de cet auteur. Il voisinera également avec le “Traite d’athéologie” de Michel Onfray, et là aussi quelques autres titres de cet auteur. Pas loin, il y aura Nietzsche ou Spinoza qui lui feront la nique. Je mettrais aussi pour ne pas qu’il bascule quelques bouquins de Luc Ferry, en particulier celui ou il parle de la sagesse des mythes.

(L) - Est-ce bien raisonnable de le faire côtoyer tous ces gens la. N’y a-t-il pas de contradictions ?

(P) - Tu me connais, je suis un homme de contradictions. J’accepte cette image. Mais là non, il n’y a vraiment pas de contradiction. Tous ces auteurs recherchent la sagesse, c’est à dire la recherche d’une vie en harmonie avec ceux qui les entourent et avec la nature. Tous ces livres ne sont pas des livres subversifs qui selon l’expression « bouffent du curé » mais au contraire recherchent une harmonie de vie qui est largement possible sans l’artifice de croire en Dieu.

(L) - Mais alors, tu as aimé ce livre ? Est-ce qu’il t’a apporté quelque chose ?

(P) - Deux questions. A la première, la réponse est oui, beaucoup. C’est un très bon livre. D’ailleurs, à lire son chapitre remerciements, ce livre représente une somme de travail considérable. De plus c’est un travail en équipe qu’il faut saluer. Ça c’est formidable. Pour la deuxième question, il faut classer ce livre dans la rubrique des livres riches. Ces livres qui font que quand je les pose, comme c’est le cas aujourd’hui, je me ressens avec quelque chose de plus dans la tête, dans ma manière d’appréhender les choses, les événements ou les gens. C’est vraiment un livre sur lequel on se construit.

(L) - Alors faudrait-il faire lire ce livre à des adolescents ou en philosophie pour le bac ?

(P) - Oui, ce serait bien. Même très bien. Mais je crains que beaucoup de parents et surtout d’enseignants trouvent ce livre trop orienté vers une religion particulière. Politiquement incorrect en quelque sorte.

(L) - Mais tu aurais préféré que ce livre soit écrit autrement ?

(P) - Je n’ai pas à préférer ceci ou cela. L’écriture de ce livre est, et restera la liberté de son auteur, et l’ayant lu je ne peux pas mettre de limites a cette liberté. Cette liberté n’est pas agressive, elle n’offense pas, elle ne réduit pas la mienne !

(L) - Faut-il pour cela que quelqu’un prennent la plume pour écrire cela dans une tonalité laïque ?

(P) - Oui et non. Un auteur laïque pourrait très bien aborder, comme l’a fait Young, les valeurs fondamentales de la vie. La tolérance, le pardon, l’amour de l’autre etc. sous la tonalité de la religion musulmane. Un homme, à qui il est arrivé une aventure caractéristique de la vie (perte d’un être cher, problèmes de santé, revirement de situation, perte d’emploi…) se retire dans un lieu symbolique pour lui et rencontre Mahomet. Ils parlent, ils échangent leur ressenti. Ils expliquent parfois même l’inexplicable. Mais ce pourrait tout aussi bien être la rencontre avec un vieux sage à barbe blanche, une sorte de Socrate regardant Michel Drucker à la télévision. Ce qui est important dans La Cabane, c’est de bien en retirer l’essence fondamentale.

(L) - Crois-tu que c’est ce que l’auteur a voulu ?

(P) - Il me semble que l’auteur, ou plus exactement l’équipe d’auteurs s’est laissé dépasser. Ils ont imaginé ce livre pour écrire un livre sur la bonté de Dieu, même lorsque celui-ci retire la vie à un enfant. Ils ont voulu montrer que les relations entre Dieu et les hommes sont sur des bases simples et universelles. Ils ont voulu magnifier l’image de leur Dieu. Cette volonté là est la leur, elle n’est pas discutable. Pour ce faire, il leur a fallu construire une histoire prétexte. Un homme dont la fille est enlevée et assassinée. Un homme qui cherche les traces de sa fille, mais qui se cherche aussi, là au sens spirituel. J’appelle cela l’enrobage, le squelette de l’histoire. Mais, ce qui ressort de tout cela, ce sont les mises en exergue du contrôle et de la maîtrise des sentiments humains. C’est sur ce point là que ce bouquin est riche, efficace et utile.

(L) - Tu veux dire que dans ce livre, Dieu n’est qu’un accessoire ?

(P) - Dans ce livre et ailleurs ! Non d’un chien pourquoi faut-il se référer à Dieu pour se dire que l’on doit aimer son prochain. Pourquoi se référer à Dieu pour définir que l’on ne peut pas vivre dans la haine, qu’il faut savoir pardonner. Que pardonner n’est pas oublier, n’est pas effacer la faute. Que pour les dix commandements on peut très bien vivre sans l’historiette de Moïse. A-t-on besoin de ce type là pour respecter : “Tu ne tueras point” ?

(L) - Tu penses que la croyance en Dieu n’apporte rien ?

(P) - Il faut être respectueux des autres. Si des gens croient en Dieu et on besoin de cela pour vivre, c’est sans doute que cela leur apporte quelque chose, une voie. C’est évident. Mais pour moi, comme pour beaucoup d’autres, je n’ai pas besoin de cela. C’est en moi que je vais chercher ces forces pour me fixer une ligne de vie. Et si je ne trouve pas ces forces en moi, je vais les chercher chez les autres, car il y a toujours un autre qui est là pour m’aider. A moi de le trouver.

(L) - Dis donc ce livre a vraiment excité ton esprit et finalement je suis contente de te l’avoir conseillé. Mais au fait, est-ce que tu vas en conseiller la lecture à d’autres ?

(P) - Certainement. C’est un livre à ne pas manquer. Je dirais à un protestant évangéliste : Allez-y ce bouquin est fait pour vous. À un catholique, je lui dirais qu’il va rencontrer Dieu avec un éclairage fluo. Comme c’est la concurrence directe qui l’a écrit, le livre ne parle pas de la Sainte Vierge, du Pape de tous les Saints. Il parle à peine des écritures. Mais la sainte trinité présentée comme cela mérite le détour. A un musulman je lui dirai que Dieu peut avoir cette couleur là pour lui, à condition qu’il regroupe en un même personnage les trois de la trinité et qu’il accepte la mise en valeur du rôle des femmes. Les valeurs humaines proposées ne sont-elles pas universelles ? Universelles également pour les athées, les bouddhistes ou les hindouistes. Ces deux derniers, je ne les connais pas trop, mais je suis certain que nous avons l’essentiel en partage.

(L) - Tu viens de me rendre heureuse de t’avoir fait partager cette lecture. Au fait, que penses-tu de leur projet de faire un film ?

(P) - Le livre a été construit dans cette intention. Là, je suis perplexe car je crains que le film devienne un film de propagande pour promouvoir la croyance en Dieu. Après tout pourquoi pas, là encore, c’est leur liberté. Mais dans ce cas le film n’aura aucun intérêt pour moi. Mais je crains encore plus pire, c’est que ce sera sans doute un réalisateur américain qui fera le film et ce sera dommage. Fait par un français ce serait peut-être intéressant ! – Question de sensibilité !

(L) - Sectaire ! (rires)

(P) - Mais je te remercie mille fois de ton conseil. Tiens voilà Annie qui revient du jardin avec ses tomates et ses courgettes.

(A) – Oh, bonjour Lucille, c’est gentil de venir nous voir. Tu reste manger avec nous ce soir ? Je fais un potage de légumes du jardin.

(L) - C’est avec plaisir que je reste, mais de grâce, si nous bavardons, ce n’est pas de ce bouquin qui est sur la table.

(A) - Ah bon ! Pourquoi, il n’est pas bien ? J’allais justement le lire. Il parle de quoi ?

(P) - Top secret avant lecture. Discussion après lecture. Qu’est-ce qu’on mange après le potage ?

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Commentaires
L
il est vrai que c'est un livre très étrange
H
Monelle, vous avez aiguisé ma curiosité avec vos propositions culinaires : qu'est ce qu'un tablier de sapeur, et une cervelle de canut ???
M
J'ai lu le début ... et comme je suis curieuse : la fin - mais rassures-toi je vais tout lire après l'avoir transféré sur traitement de texte, pour lire plus facilement !<br /> Pour répondre à la question Quest-ce qu'on mange : un tablier de sapeur et une cervelle de canut.... ça te va ? <br /> Bon W.E. <br /> Amitié
F
Félicitation pour la présentation originale de cette chronique de lecture!!! <br /> Bon, alors, qu'est-ce qu'on mange, après la soupe???<br /> ;-)
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