Sans blagues tu blogue ? (1)
- Y a plus d’ pain !
- Quoi qu’est-ce tu dis ?
- Ya plus de pain
- Bon, j’y vais !
Je quitte mes savates pour des chaussures plus confortables, une poignée de monnaie dans la poche, en route. Arrivée au centre, Marcel est là devant le café des amis. Je ne sais pas comment il fait Marcel, mais chaque fois que je viens faire des courses, je le trouve devant le café des amis. Pourtant il n’est pas à la retraite, il travaille toujours pour la commune, aux espaces verts.
- Salut Pierre, comment tu vas ? Tu viens t’en jeter un ?
- Pourquoi pas ! Y fait chaud et j’ai soif.
On s’installe en terrasse, Robert arrive en tenancier proche de sa clientèle, son chiffon humide dans une main. Pendant qu’il donne un coup de propreté à la table, il nous salue :
- Alors les anciens, en promenade. Tu viens faire les courses, Pierre ? Marcel, je lui demande pas, aux espaces verts, il est chargé de surveiller les deux pots de fleurs devant la terrasse.
- Non mais oh ! faut pas que t’exagère ! Ce matin on a bossé comme des fous au rond point du monument !
- Tu sais, dès qu’on bosse on est un peu fou ! Et toi Pierre cette retraite ça se passe bien ?
- Oui, bien, très bien ! Le matin je bricole un peu au jardin, et l’après-midi je bricole avec mon ordinateur.
- Qu’est-ce que tu fais sur ton ordinateur ? Moi aussi j’aime bien ça, enfin quand j’ai le temps.
- En fait j’ai fait un blog d’écriture, et je lis ce que font les autres.
Marcel attrape le verre de bière que Robert a apporté :
- Sans blague tu blogue ?
Robert se tourne vers Marcel en riant :
- Et toi Marcel, tu t’intéresse aussi à l’informatique ?
- Oh, non moi, c’est pas mon truc, mais mon gone y m’a fait voir. Ça l’air intéressant, mais moi j’y comprends rien.
- Mais tu écris, toi Pierre ?
- Oui, enfin, j’essaie, je scribouille dis-je en riant.
- Faudra me dire sur quelle adresse, j’irai voir ça.
- C’est simple, sous Google, tu tape : ecritexte.canalblog.com et tu pourras lire ma production ? Tu me laisseras un mot pour me dire ce que tu en pense.
- Tiens marque ça sur le sous verre, je regarderai ça ce soir.
En finissant sa bière et en attendant que Robert aille lui en tirer une deuxième, Marcel parait tout étonné. Alors Pierre c’est comme qui dirait que tu es un écrivain.
- Tu sais Marcel, faut pas exagérer, un écrivain, c’est quelqu’un qui gagne sa vie en vendant ce qu’il écrit. Moi, je n’écrit que parce que ça me fait plaisir.
Il pousse un profond soupir en essayant d’assimiler la différence entre un écrivain et un scribouillard. Il attrape d’une main ferme sa bière en disant merci du regard à Robert. Robert reprend sa conversation :
- Mais alors, qu’est-ce que tu écris ?
- Oh, pour le moment je m’entraîne. J’essaie d’écrire un peu de tout. Des petites histoires, des poésies (ça c’est dur !) ; et puis des fois des pensées toutes bêtes.
- Ben dis donc ! Et les autres qu’est-ce qu’ils écrivent ?
- Oh des tas de choses diverses et variées, il y a un peu de tout, il faut trier ce qui plait.
- Moi aussi, ça me plairait comme ça avec des personnes qu’on ne connaît pas, de partager un mot, une phrase, une idée.
- Oh c’est intéressant ce que tu viens de dire, je mettrais ta phrase dans mon blog.
- Ah bon, c’est comme ça que tu fais, tu pique les idées des autres !
- Et alors, si elles sont bonnes, pourquoi se gêner ?
- Bon, explique-moi. C’est qui les autres que tu rencontre ? Ou dont tu lis les textes ?
- Ce sont souvent des gens comme toi et moi qui on envie de raconter des choses, de partager des idées. Si tu veux, je vais te citer quelques exemples.
- Oui, je veux bien, y a pas trop de monde ce matin.
Le premier exemple, c’est une dame, la première qui a mis un mot gentil sur mon blog. Elle s’appelle, ou se fait appeler Caranca. Sur son blog : « au fil de l’encre, au fil de l’eau », http://noursette.canalblog.com tous les matins, de bonne heure, elle parle de ses lectures ; elle nous propose presque tous les jours une pensée bien fraîche, comme ta bière. Elle nous parle de la nouvelle maison qu’elle a achetée avec son mari. Elle nous montre les photos des travaux, ça l’air d’être des gens très courageux. Son mari, c’est Nounours, elle, c’est Noursette et les enfants, c’est les Noursons et les Noursonnes. Alors on se passe un petit mot de temps en temps, elle parait très sympathique
Un autre exemple, c’est un blog qui s’appelle : « écrire de plaisir » http://ecriredeplaisir.canalblog.com La dame s’appelle Hélaine. Elle a une écriture très agréable, pleine de douceur et elle compose de merveilleux poèmes. Comme elle est d’une gentillesse très délicate, elle m’en a composé un pour la naissance de ma petite fille Angélina. Elle m’a conseillé de lire un livre au titre marrant : -Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates-
Marcel éclate de rire :
- C’est quoi ce truc là des amateurs d’épluchures de patates, c’est une histoire de cochons ?
- Oh pas du tout, c’est une très belle histoire d’une dame qui correspond avec un monsieur de l’ile de Guernesey à la fin de la guerre. C’est plein de délicatesse, c’est drôle et tendre. Et puis on apprend beaucoup sue les souffrances de ces gens pendant l’occupation allemande. Encore un autre blog :
« À mon seul désir » http://charivarii.canalblog.com de Charivarii. En fait, je crois que la dame, s’appelle Isabelle, mais je n’en suis pas sûr. Là c’est des belles photos, très poétiques, des propositions de lecture. J’aime bien aller sur son site, c’est comme des petites vacances reposantes.
Et puis encore, le « journal d’une trentenaire ordinaire » http://temperance2.canalblog.com Une jeune dame qui s’appelle Tempérance, d’après mon ordinateur, elle écrit de Corée, mais je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Alors là malgré son titre, ce n’est pas vrai, elle n’est pas ordinaire. C’est une personne qui, lorsqu’elle écrit un mot, t’as envie de lire le suivant. Et quand t’arrive à la fin, t’es un peu déçu qu’il ne soit pas plus long, mais ce que tu as lu était tellement joli que tu attends avec impatience sa prochaine publication.
Marcel se lève brusquement. Avec Robert nous sommes surpris, peut-être l’ai-je ennuyé avec mes palabres internetiques ? Mais il nous rassure :
- Scusez moi, c’est bien ce que vous racontez, mais il est tard et y a la Bernadette qui m’attend. Si j’suis en retard elle me fait la gueule !
Je regarde l’heure et je me dis qu’il est grand temps que je rentre à la maison moi aussi. Bon Marcel, je te laisse, je repasserai pour te parler des autres blogs que je lis régulièrement.
- Ce n’est pas de refus, ce que tu m’a dis, m’a bien intéressé, reviens raconter tes petites découvertes.
- C’est d’accord, bon j’y vais !
Je presse le pas sur le chemin, et j’arrive essoufflé à la maison, j’enfile rapidement mes savates, et entre discrètement.
- Ben dis donc t’en a mis du temps pour aller au pain. Où tu l’as mis ?
- Oh merde, je l’ai oublié !
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L’édition suivante de SBTB est en préparation