L’un

Toi mon ami, je vois bien que tu es en souci. Je vois bien que tu es triste. Je vois bien que tu souffres. Je voudrais pouvoir t’aider.

L’autre

M’aider ? Mais, personne ne peut m’aider. S’il te plait, parlons d’autre chose.

L’un

Parler d’autre chose ! Mais comment puis-je accepter d’être impassible ? Comment puis-je rester dans l’indifférence et le silence avec un ami ?

L’autre

Et alors ! Mes soucis, mes tristesses ne sont pas les tiennes. Alors laisse-moi avec ce qui m’appartient.

L’un

Non, je ne peux pas. Dis-moi. Explique-moi. Quelle est la nature de ta souffrance ? Quelle est l’origine de ta tristesse ?

L’autre

Mais cela ne te regarde pas, ce sont mes propres problèmes, des choses de mon intimité. Tu ne peux pas faire d’ingérence dans cet espace-là.

L’un

Certes, je conçois parfaitement que je ne peux pas, que je ne dois pas m’immiscer dans cet espace qui t’appartient. Mais par ailleurs, je ne peux pas passer mon chemin en faisant semblant de ne pas voir ta souffrance. Ta souffrance est aussi une souffrance pour moi.

L’autre

Je te vois là, mon ami, je te mets mal à l’aise avec ma souffrance et tu ne sais plus choisir entre indifférence et ingérence.

L’un

L’espace entre les deux est si mince ! Alors je cherche le passage, parce que je sais qu’il existe. Que me conseilles-tu ?

L’autre

Allons marcher sur ce chemin, donne-moi la main. Gardons un peu de silence. C’est si important pour moi de te savoir Là…

 

© Pierre Delphin – mai 2012 –