Un jour de printemps tu vins à ma rencontre. Notre petit amour était là, chaud et prospère. Il me demandait que peu, du soleil et des fleurs. Dans l’air du matin il chantait à tue-tête que tu étais belle et que j’étais beau. Nous dansions dans les prés et le vin était bon. Tant de rêves ébauchés qu’avec ardeur nous construisions, pour voir la vie en bleu et tricoter en rose. Tes yeux pétillaient quand tu me regardais. Mon cœur s’emballait quand mon regard plongeait dans le tien.

Un jour, un mauvais jour, un vent froid est venu. Dans le coussin triste d’un nuage sombre il t’a emportée. Où, je ne sais pas, mais loin, loin de moi. Le voile de ma tristesse s’est posée sur le jardin. Les fleurs ont perdu leur éclat. Les oiseaux se sont tus, chantaient-ils pour moi ? Déjà l’automne arrivait avec sa neige grise.

Glacial, l’hiver m’a enveloppé de ses cristaux acérés. La douleur de mon corps ne m’importait puisque mon cœur souffrait trop. Allongé, recroquevillé devant la cheminée éteinte, comme un vieux bois au fond de la remise, j’ai dormi. Quelques notes de musique, un rai de soleil, ont levé mes paupières. Une ombre s’est dessinée devant les vitres ternes. Une ombre, une odeur, une présence, je t’ai reconnue. Sans dire les mots que je ne voulais entendre, tu as posé ton corps à côté du mien. Avec ce silence sonore, dans mes bras tu t’es lovée. Doucement le bois de mon cœur a pu renaître, tu es là. Que serai-je sans toi, qu’un cœur au bois dormant.

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© Pierre Delphin – mars 2011