Ce texte est la suite, la conséquence de deux autres textes : « Lettre à Amélie » (16-11) et « Lettre d’Amélie » (19-11) Les commentaires amicaux m’on inspiré une suite… Amélie reprend la plume.
Paul,
Je dois le dire, je suis troublée. Un souvenir oublié dans le coffret des regrets que l’on croit effacés. Une rencontre furtive, une image, un coffret qui s’ouvre. Une lettre qui m’a touchée sur les espaces sensibles de ma mémoire. Une réponse que je vous ai faite et qui ne me satisfait pas complètement. Une discussion avec mon mari qui a haussé ses épaules larges en riant et me traitant de gamine, de collégienne. Alors je m’en suis ouverte à mes amies proche. Elles aussi ont ri, mais en me disant que j’ai de la chance, elle m’envie.
Monelle qui m’a dit que vous étiez une petite étoile au fond de mon cœur ! Fabeli qui hésite comme moi de peur de réveiller le passé. Martine, qui m’a dit que j’étais peut-être courageuse, mais pas curieuse. Elle m’a dit qu’elle serait allée au rendez-vous avec le risque d’être déçue, mais sans regrets pour le futur. Annick qui avec son enthousiasme habituel m’a dit : Prends le risque d’être déçue, pas celui de regretter. Quelle pression, nous buvions notre tasse de thé sur une terrasse au soleil. Même dans les rires partagés, je suis restée perplexe, hésitante.
Je vous dois deux nuits d’insomnie, à vouloir peser le pour et le contre jusqu’à ce qu’une voix aigrelette au fond de mon cœur me crie : vas-y !
Oui. Je reviens sur ma décision. J’ai aussi envie de vous rencontrer de vous revoir. De vous parler, de vous entendre. Mais au fait qu’avons-nous à nous dire ? Parler, reparler de cette journée de mariage vieille de 40 ans ? Parler de nos vies, de notre histoire ? Parler de ce que nous aimons de ce qui nous fait encore vibrer ? Ou parler pour seulement être encore un moment ensemble et croire que le temps est figé ?
Dans votre lettre, j’ai sentie intacte la sensibilité que j’avais perçue lors de cette journée. Pourquoi ne pas m’avoir fait signe par l’intermédiaire des jeunes mariés après cette journée. Moi, j’ai pensé le faire, je n’ai pas osé ! Peut-être en a-t-il été de même pour vous ?
Je vous propose mardi prochain, encore une semaine d’attente ! Retrouvons-nous à midi au restaurant de Fourvière. La cuisine y est bonne et la vue sur la ville magnifique. J’irai à ce rendez-vous avec un élan que je n’ai jamais eu parce qu’il y a des moments qu’il ne faut pas éviter. Je serai là avec bonheur, mais vous, ne serez-vous pas déçu ? J’ai si peu à donner.
Puis-je vous dire qu’à la sortie de l’opéra je vous ai trouvé très élégant, beau, presque inchangé. Peut-être le tour de taille, oh, à peine !
Monelle a eu raison vous êtes une étoile qui brille dans le ciel de ma vie.
À mardi.
Amélie