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L'écritoire du baladin
L'écritoire du baladin
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8 septembre 2009

Naissance

Oh ! Là là, c’est dur ce matin. Je me sens serré, ce n’est pas confortable. Ma mère n’arrête pas de bouger, elle ne doit pas être bien elle non plus. D’ailleurs je viens de l’entendre dire à mon père :

- Louis, je crois que c’est pour aujourd’hui, il faut y aller.

- La voiture est prête, ta valise aussi alors partons pour la belle aventure.

Je sens qu’il est gai, et je ne comprends pas bien tout ce que cela veut dire, mais j’ai entendu le bruit d’un gros baiser. Et maintenant, je sens que ça bouge, ça me donne le tournis. En plus, ma mère descend les escaliers, je l’entends soupirer, mais ce n’est vraiment pas confortable pour moi, j’en prends plein la tronche. Je suis maintenant complètement coincé, elle a du s’asseoir dans la voiture. Je n’aime pas ça, j’essaye de bouger un peu pour trouver une position plus confortable.

- Il bouge ?

- Ce petit voyou ne s’arrête pas !

Non mais, voilà que mes parents me traitent de voyou, j’espère qu’ils plaisantent. Je ne sais pas par où passe mon père, mais la route doit-être pleine de trous. J’ai enfin réussi à positionner mon bras, mais mes jambes, c’est moins facile, surtout que j’ai un pied qui me démange. Bon il faut que je me calme.

Tous ces derniers temps ma vie a été plutôt tranquille, relaxe. Je n’arrive pas bien à me faire une idée depuis combien de temps que je suis là ; plusieurs mois sans doute. En fait, je me souviens très bien comment tout ça a commencé.

À cette époque, je n’étais qu’une toute petite bille que ma mère gardait bien au chaud depuis quelques jours. Et puis un jour, enfin, c’était peut-être une nuit, je ne me souviens pas, mon père est venu poser un tout petit truc avec une grande queue, c’était blanc, un peu gris. Je ne sais pas comment il a fait, mais ce dont je me souviens, c’est que mes parents se sont pas mal agités ce jour là. Après, j’ai senti que je progressais physiquement, je changeais tous les jours, je commençais à vieillir. Je me souviens d’un soir, j’entends encore ma mère dire à mon père :

- Chéri ça y est, nous allons être parents.

- Oh mon amour, comme je suis heureux.

- Je t’aime mon amour.

- Crois tu que je serais un bon papa ?

- J’en suis sure, et tu vas l’aimer comme tu m’aime, comme je t’aime.

Après, ils ont parlé doucement et je n’ai pas bien entendu, peut-être que je me suis endormi. Je me suis réveillé parce qu’ils étaient encore tout agités. Pendant toute cette période, la vie a été agréable. Pas loin de ma tête je sentais des caresse de mon père, il chantait de jolies chansons. Un jour il a mis de la musique, j’ai beaucoup aimé, qu’est-ce que c’était beau ! D’autres jours, ma mère s’allongeait et je sentais un truc dur au dessus de moi, avec une sorte de sifflement. Je ne sais pas ce que c’était, mais à la fin j’entendais toujours une voix qui disait :

- Tout va bien madame, ce sera un garçon.

Bon, il semble que la voiture est arrêtée. Ma mère doit marcher doucement, car je sens un doux balancement. Et bientôt, une voix qui dit :

- Voilà madame, vous pouvez vous allonger.

Dans cette position, normalement je dois être bien, mais aujourd’hui je me sens à l’étroit. Et puis ma mère, elle d’habitude si calme, si douce, elle semble toute excitée. Je l’entends qui souffle, qui me comprime, et maintenant la voilà qui crie. Je me demande ce qui se passe et je suis un peu inquiet. Il doit y avoir quelque chose de particulier, parce que j’entends plusieurs voix différentes et je ne comprends pas bien leurs propos.

- Tournez-vous madame, je vais vous faire la péridurale.

- Maintenant détendez-vous, serrez vos poings et commencez à pousser.

- Oui comme ça poussez, poussez !

Je ne sais pas combien de fois la dame a répété ce mot, est-ce que ma mère ne comprend peut-être pas ? Pourquoi est-ce qu’elle dit toujours la même chose :

- Poussez, poussez !

Pendant ce temps, je suis comprimé de partout, pas confortable, vraiment pas confortable, pas même moyen de gueuler. Et d’un coup c’est parti, je sens une poussée sur mes fesses, j’ai envie de dire allez-y doucement. Puis maintenant, ma tête est serrée dans je ne sais trop quoi, mais ça me fait mal, ouille !

- Voilà la tête, regardez on voit les cheveux, aller les épaules maintenant !

Là, je sens que quelque chose qui accroche, j’ai très mal à l’épaule droite. Puis un craquement, un grand cri et d’un coup je sens des mains qui me tripote :

- Regardez, c’est un beau garçon !

Beau garçon ou pas beau garçon, ce n’est pas facile pour moi. Ce moment est terrible. Mes poumons qui jusque là étaient au repos se gonflent et se remplissent d’air, ça me brûle un peu. Et cette lumière qui fait mal aux yeux. Alors là cela en est trop je vais gueuler. Et avec l’air des poumons, c’est plus pratique. Je gueule, je gueule, ça me fait du bien. Et puis n’a-t-on pas idée de me faire subir des trucs pareils, non mais ! J’étais bien où j’étais, je n’ai rien demandé ! Il y a même un type, qui doit avoir peur que je le reconnaisse, il a un masque sur la figure, avec un ciseau, il coupe je ne sais trop quoi et il met une pince qu’il me laisse tomber sur le ventre.

Bon, là je suis mieux, une jeune dame m’a prise dans ses mains, comme elle est douce ! Elle me pose sur le ventre de ma mère, c’est très confortable, surtout avec les deux gros coussins que j’ai de chaque coté de la tête. Je sens les lèvres de mon père qui se posent sur ma nuque, il a l’air gentil celui-là. Puis je l’aperçois qui embrasse tout doucement ma mère :

- C’est mon plus beau cadeau. Je t’aime.

Pas gêné de troubler leur intimité, le type cagoulé s’approche et demande :

- Comment allez-vous appeler ce beau garçon ?

C’est mon père qui répond d’autorité :

- C’est Paul, bonjour Paul, tu t’appelle Paul.

Bon, ça va j’ai compris. C’est fait, maintenant je m’appelle Paul. Une jolie dame, viens me prendre dans ses main et m’emmène dans une bassine pleine d’eau. C’est agréable. Ce qui est plus agréable, c’est les caresses et les chatouilles qu’elle me fait. Qu’est-ce qu’elle est adroite de ses mains ! Et la coquine elle les passe vraiment partout ses mains. Oh quel bon moment ! Elle me pose sur un coussin et m’enveloppe avec des vêtements d’un joli bleu ciel. J’aime beaucoup le bleu, je pense que ça me va bien. Me voilà de nouveau dans les bras de ma mère qui me met son gros coussin sur la bouche, beurk ! Enfin non pas beurk, je trouve cela plutôt bon, surtout qu’il y a un truc au bout que j’attrape avec ma bouche. Ce n’est pas facile, mais au bout d’un moment, il a du liquide qui coule dans ma bouche, un vrai régal. Je n’ai pas beaucoup faim pour le moment, mais je reviendrai. En fait, je suis très fatigué, rendez-vous compte, il y a à peine une heure, j’étais dans du liquide, dans le noir, confortablement installé et maintenant il faut que je respire tout seul, on n’arrête pas de me tripoter, j’en ai marre ! Enfin ma mère me couche, me met une couverture sur le ventre et me fait une bise sur la main. Ouf ! Je peux dormir.

J’ouvre une paupière, puis l’autre. L’ambiance est calme, douillette, la lumière est atténuée, pas un bruit. Mon berceau est transparent, et je peux apercevoir Maman. Elle dort, elle doit être fatiguée, c’est qu’il s’en est produit des choses importantes pour nous deux ce matin. Je la regarde un moment avec tendresse, comme elle est jolie ! J’ai du plaisir à la regarder ainsi, mais. Oui, il y a un mais. J’ai faim. J’AI FAIM ! Bon, alors on s’occupe de moi ! Attend ma petite mère je vais te le faire savoir que ton fils a faim. Je gonfle bien mes petits poumons et je pousse un grand cri : Waaah, Waaah, Waaah ! Je la vois qui se réveille en sursaut, c’est bon, elle est réveillée. Waaah, Waaah, Waaah !

- Mais tu dois avoir faim mon chéri !

Ça y est elle a compris ! J’ai trouvé le truc pour communiquer avec elle. Waaah, Waaah, Waaah ! J’en rajoute une couche pour être sûr qu’elle a compris que c’est urgent. Une dame habillée en rose entre dans la chambre, et me prend dans ses bras, comme elle est douce ! Elle me pose à coté de Maman qui a sorti ses gros coussins. Elle me met le bout de l’un d’eux dans la bouche, et je dois bien le dire, le lait qui s’écoule dans ma gorge, est délicieux. Ces coussins c’est vraiment merveilleux, j’espère que ça ne sert pas seulement quand on est bébé ! Pour l’instant, ce bon lait me remplit le ventre. D’ailleurs j’ai dû avaler trop vite, car je sens une bulle qui se coince dans mon gosier. Maman doit être expérimentée, car elle s’arrête, me relève, et là j’expulse la bulle d’air. Ça fait un gros bruit qui fait rigoler Maman. Maintenant je peux gouter à l’autre. Oui, pas mal aussi ! Je suçote encore un peu, juste pour le plaisir, mais je suis repu. La dame en rose me reprend dans ses bras :

- Vous voyez madame, tout c’est bien passé, vous avez un petit goulu ! Reposez-vous encore un peu pendant que je vais le changer.

La voilà qui m’emporte je ne sais où. Sans gène, elle me déshabille, me frotte les fesses avec un produit tout froid et emballe mes fesses comme un paquet cadeau. Elle me ramène dans la chambre, et quand elle me couche dans mon berceau, Papa arrive. Il se penche vers moi et me caresse la joue.

- Alors joli bonhomme tu as bien mangé, il était bon le néné de Maman. Oh, il a son ventre tout plein le petit chenapan !

Disant cela, il me tapote sur le ventre, si je le pouvais, je lui dirais d’y aller un peu plus doucement. Mais globalement il a l’air gentil ce papa, j’aurais pu plus mal tomber. Du coin de l’œil, je le regarde se pencher sur Maman, il met sa, bouche sur sa bouche. Tiens, c’est comme ça qu’il faut faire ! J’entends un gros bruit de bisou, et je le vois sortir de sa poche une petite boite bleue qu’il lui tend.

- Oh, mon chéri qu’est-ce que c’est ?

Maman s’empresse d’ouvrir la boite et en sort une petite chose toute dorée. Elle fait des grands yeux tout brillants.

- Oh, mon amour, comme c’est gentil, merci, merci. Et clac, il lui repose sa bouche sur la sienne. Ça doit-être une habitude entre eux !

- Je t’aime mon amour, tu m’as fait le plus beau bébé du monde !

Là, j’ai compris, il parle de moi, plus beau bébé du monde, je suis flatté. Toutes ces effusions, c’est bien joli, mais moi, après manger, il faut que je dorme. Je ferme les yeux, tourne la tête sur le coté, et je me laisse aller au pays des songes. Je sens que Papa pose sa main doucement sur mon ventre, et j’entend sa voix douce et grave :

- Fais dodo joli petit Paul, fait dodo t’auras du gâteau.

Dans ces conditions, comment ne pas s’endormir. Voilà que je pars pour mon premier rêve. C’est important un premier rêve. Je n’en n’ai pas la possibilité mais je devrai prendre des notes. D’ici quelques jours je ne m’en souviendrai plus. Je rêve que je suis couché à plat ventre sur celui de Maman, elle a un gros coussin rouge qui donne du lait rose, et un gros coussin bleu qui donne du lait de la couleur du ciel. C’est joli, je goûte l’un puis je goûte l’autre c’est délicieux, parfumé. Finalement je préfère le bleu, le goût est plus prononcé, enfin je préfère ! Quand j’ai fini, Maman me lâche et je m’envole. Je vole un moment dans la chambre et je viens me poser en douceur dans mon berceau. Mes parents sont émerveillés de voir que leur fils vole si bien et moi je suis content de leur fierté. Coupure du rêve. Maintenant le rêve m’emporte dans le couloir où il y a beaucoup d’autres bébés. Il y en a un qui est beaucoup plus âgé, il a au moins trois jours. Il crie et les autres répète : - On veut du lolo! on veut du lolo! On veut des mamans avec trois coussins. Et les autres répètent : - Oui, des mamans avec trois coussins! des coussins! des coussins! Et les dames en rose qui sont submergées et qui lèvent les bras au ciel en criant oh là là. Oh là là ! Mais tout ce bruit me réveille un peu perturbé. La tête de Papa est au-dessus de moi, il sourit.

- Alors mon petit Paul tu as fais un gros dodo ?

En guise de réponse, je braille un grand coup. Waaah, waah ! Affolé, il me prend dans ses bras et me sert contre lui. Je vois Maman qui nous regarde avec beaucoup de tendresse.

- Il a peut-être encore faim ? Donne le moi.

Pendant qu’elle dégage ses coussins, qui ne sont ni rouge, ni bleu, Papa me pose délicatement contre elle, et je me retrouve avec ce délicieux petit bout, et là je peux vous dire que ma Maman c’est du bon lait, de la grande qualité ! Je fais exprès de téter doucement pour faire durer le plaisir. Quand j’ai enfin terminé, la dame en rose est encore là, elle me prend gentiment et m’emmène chez elle, sur sa table et recommence à me déshabiller. Ça doit- être une spécialiste. Quand elle me déballe, ça sent drôlement mauvais. Pouah ! Mais elle me frotte encore les fesses, avec quelque chose qui sent bon et la mauvaise odeur a disparue. Quand elle me ramène dans la chambre, je suis bien à l’aise, mais un peu ramollo. Elle me couche et là pas de problème, je m’endors.

Ce n’est pas si simple d’être un nouveau né !

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Commentaires
H
Aussi délicieux que le lait des gros coussins ! Je le ferai lire à mes filles, cela rappellera des souvenirs à la cadette qui est maman de deux enfants, et fera sourire ma fille aînée qui attends son premier bébé. Vous avez vraiment un don pour rendre poétique le moindre événement.
C
formidable !<br /> ça m'a bien fait sourire aussi<br /> bonne journée
L'écritoire du baladin
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