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L'écritoire du baladin
L'écritoire du baladin
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27 juillet 2009

Carotin le lapin coquin

Dans la clairière on discute beaucoup. Et patati et patata, et ceci et cela. Généralement les lapins se réunissent vers la source. À cet endroit, il y a toujours quelque chose à grignoter et de la bonne eau fraîche à boire. Et puis, ce qui est rassurant, rarement les chasseurs s’aventurent vers cette clairière.

Chaque lapin discute de ce qui est bon à manger, du beau temps et du mauvais temps. Des réserves pour l’hiver. Ils discutent, ils discutent. Et puis il y Pépé Lapin, un vieux lapin devenu presque blanc à cause de son âge. Autour de Pépé Lapin, souvent les petits lapins l’écoutent raconter tout ce qu’il a fait. Tous ses exploits. Oh, bien sûr Pépé Lapin a tendance à en rajouter, à enjoliver. Les petits lapins l’ont bien compris, mais ce n’est pas grave. Ils savent bien que Pépé Lapin exagère, mais ce qu’il raconte et comme il le raconte est si joli. Il leur parle du jour où six chiens et trois chasseurs lui ont couru après toute une journée. Ils ont parcouru toute la forêt, sauté des ruisseaux, escaladé des rochers. Il raconte comment les chiens aboyaient, comment les chasseurs criaient. Il dit que la forêt résonne encore parfois de ces cris.

Mais ce que les petits lapins aiment le plus c’est quand pépé Lapin raconte son voyage vers la ville. Alors là, tous se taisent et écoutent. Il faut dire que Pépé lapin, du temps de sa jeunesse, a été un sacré baroudeur. Il a même été un explorateur. C’est pour ça que les petits lapins sont si fiers d’être auprès de lui.

C’est un jour d’été. Il fait très beau et Pépé Lapin raconte qu’il est parti vers la ville en suivant les caniveaux. Puis il raconte comment c’est fait la ville. Les chemins sont durs, très durs. Si durs qu’on ne peut même pas y creuser des terriers. Les hommes qui habitent la ville ont des maisons hautes, très hautes. Il y a des voitures grosses, très grosses. Qui filent à toute allure et qui ne regardent même pas les lapins. Il faut faire très attention pour ne pas se faire écraser.

Mais là-bas, au moins, les hommes que l’on rencontre n’ont pas de fusil et leurs chiens sont attachés avec une corde pas trop longue. C’est tout juste s’ils nous remarquent. Tiens un lapin lance certains. Pas plus. Pépé Lapin leur parle de la difficulté de trouver à manger. Il y a bien des espèces de clairières où il y a des plantes, surtout des fleurs. C’est très joli et on peut trouver quelques plantes délicieuses. Il leur raconte comment un jour, deux hommes habillés en vert lui ont couru après en criant. Il avait grignoté toute la nuit des fleurs qu’il ne connaissait pas mais qui étaient excellentes. Il avait été obligé de sauté une petite barrière et de partir en courant sur le chemin dur. Combien de fois avait-il failli se faire écraser ? Peut-être mille fois, peut-être même plus. Oh là là il avait eu chaud à la fourrure. Il avait pu se réfugier dans un petit chemin dur qui entrait dans une maison. Il avait passé là toute une journée caché derrière de grandes caisses toutes grises qui sentaient mauvais. Et pas une goutte d’eau à boire, juste quelques épluchures à grignoter qui étaient tombées d’une des caisses grises. Toutes ces histoires de la ville faisaient rêver les petits lapins. Quel pépé formidable se disaient-ils. Quelle chance il a eu ! Disaient le petit lapin timide, moi je n’oserai jamais aller jusqu’à la ville.

Dans un coin Carotin rêve. Il écoute avec attention Pépé Lapin. Bien sûr il en rajoute dans son histoire, le pépé. Mais lui aussi aimerai bien aller jusqu'à la ville. Juste pour voir, juste pour savoir. Bien sûr qu’il y a des risques à aller jusqu'à la ville. Mais après tout, il y a des risques à rester dans la forêt, parce qu’à l’automne, les chasseurs et leurs chiens ont vite fait de nous rattraper. Et puis, si les hommes viennent sur notre territoire, pourquoi nous les lapins n’irions nous pas faire un tour sur le leur ? Pépé Lapin a raison : Il faut savoir sortir de chez soi.

Carotin écoute sans faire de commentaires. Puis quand Pépé Lapin a fini de raconter et que tous les petits lapins sont retournés jouer dans la clairière, Carotin vient taper sur l’épaule de Pépé Lapin en lui disant timidement :

- Dis Pépé Lapin, moi aussi j’aimerai bien aller jusqu’à la ville.

- Mais mon pauvre Carotin, je t’ai dit combien c’est dangereux d’aller là-bas.

- Oui j’ai bien compris, mais je ferai très attention. Tu nous as bien expliqué tous les dangers. Je crois que je saurai me débrouiller.

- Ah tu me fais faire du souci. Je crois que je n’aurai jamais dû vous raconter de telles histoires.

- Oh non. Moi j’aime bien quand tu nous racontes ces histoires. Elles sont belles et donnent envie.

- Oui bien sûr, mais je t’ai dit : C’est dan-ge-reux.

- J’ai bien compris, mais pépé, si tu as réussi, je suis sûr que je peux réussir aussi.

- Ah Carotin, je vois bien que tu es un lapin courageux. Et puis si dans toute la clairière on t’appelle le lapin coquin, c’est que tu es un sacré débrouillard. Alors ma foi, viens là-bas vers le gros caillou au soleil, je vais t’expliquer.

Alors Pépé Lapin, tout content de trouver quelqu’un qui l’écoute vraiment commence à raconter à Carotin par où il faut passer. Ce qu’il faut faire dans telle ou telle circonstance. Mais surtout ce qu’il ne faut pas faire. Quels sont les dangers. Les lieux à visiter. Et il parle, et il parle. À la tombée de la nuit, la tête de Carotin est pleine de nouvelles idées. Il se sent plein de courage pour affronter ce grand voyage. Mais surtout il a plein d’envies pour partir découvrir ce qu’il ne connaît pas. Oui, c’est bien découvrir qu’il a envie. Alors il va se coucher dans son confortable terrier, et se dit :

- C’est décidé, demain je pars.

Derrière la forêt, le soleil a à peine percé le gris de la ligne d’horizon, que Carotin est déjà levé. Il n'a même pas préparé de balluchon pour la route. Pépé Lapin lui avait dit le veille:

- Voyage léger mon petit, tu trouveras à manger en route. Si tu dois partir vite en cas de danger, ton balluchon va t'encombrer et te retarder.

Carotin fait un signe amical à tous ses amis qui se sont levés tôt pour saluer son départ et se met en route en sifflotant.

Comme il est heureux de partir. D'abord en coupant à travers la forêt, il doit rejoindre le grand chemin dur où roulent les voitures. A un moment un ruisseau lui barre le chemin. Mais qu'importe, Carotin est souple et sportif, il recule de deux pas et prend de l'élan et hop il saute par dessus le ruisseau. Au dessus de lui il entend les oiseaux chanter: Bonne route Carotin, bonne route Carotin.

Derrière un buisson, il constate que la forêt est moins sombre. Surtout il entend une sorte de gros ronflement. Il est inquiet. Il continue son chemin et c'est la fin de la forêt, et le ronflement c'est l'affreux bruit des grosses voitures sur le chemin dur.

- Surtout ne cherche pas à traverser le grand chemin dur lui avait dit Pépé Lapin. De temps en temps il y a des trous sous le chemin par lesquels tu peux passer si cela est nécessaire. Il est effaré par ces voitures qui vont très vite. Certaines dans un sens, les autres dans l'autre sens. C'est vraiment très impressionnant pour un petit lapin qui n'a pas l'habitude et qui n'est guère sorti de sa clairière.

Alors il commence à marcher, à courir, parfois à sauter dans le fossé qui longe le chemin dur. Il avance, et il est sûr de se rapprocher très vite de la ville. À un moment, un bruit insolite vient s'ajouter à celui des voitures. Il s'arrêt et se cache sous une touffe d'herbe à grandes feuilles. Avec sa patte, il pousse une feuille pour regarder; oh! Il y a là quatre personnes. Toutes habillées en orange. Trois ont les bras croisés et ne bougent pas. La quatrième tient dans ses mains un appareil très bruyant qui coupe et fait éclater l'herbe du fossé. Carotin se souvient de ce que lui a dit le Pépé Lapin:

- Si tu vois un danger arrête-toi. Puis très vite en courant tu te sauve et tu le contournes.

Alors Carotin part en sautant dans la prairie, et court sans s'arrêter. Il entend dire derrière lui:

- Regarde, regarde, un lapin!

Par prudence, Carotin fait tout le tour de la prairie, puis rejoint le fossé qui va à la ville beaucoup plus loin. Il avance en courant et en sautant dans le fossé tellement il est pressé d'arriver. Il fait beau, il est content. Maintenant c'est plus facile parce que l'herbe est coupée. Il peut même en manger de temps en temps, mais pas trop car il veut être vite à la ville. Quelques jolies fleurs bordent le chemin. Carotin aime bien les regarder et parfois les goûter. Les voitures sont toujours bruyantes, mais il commence à s'habituer. Il rencontre tout plein d'autres animaux. Des musaraignes qui grignotent dans le fossé, des oiseaux qui picorent l'herbe coupée, un hérisson qui chantonne et même un vieux lapin tout gris.

- Où vas-tu jeune lapin?

- Je m'appelle Carotin et je vais à la ville.

- À la ville! Mais tu es fou! Ce n'est pas un endroit fait pour les lapins là-bas. Soit bien prudent.

Comme il va bientôt faire nuit, Carotin trouve un tuyau qui traverse sous le chemin dur et qui va lui servir de terrier. À coté, il y a un peu d'eau et des plantes appétissantes. Comme à l'hôtel se dit Carotin. Il se roule en boule et s'endort.

Le matin, de bonne heure, le bruit des voitures le réveille. Il ouvre un œil et voit le ciel bleu. Il reprend vite sa route vers la ville qu'il a envie de connaître.

Le soleil est déjà haut dans le ciel quand il aperçoit les premières maisons. Maintenant, il n'y a plus de fossé et il est obligé de marcher le long du chemin dur. Il convient d'être très prudent comme le lui a dit Pépé Lapin.

Au premier contact de la ville, il faut bien dire que Carotin est déçu. Il n'y a plus de terre pour marcher dessus. Que des chemins durs qui commencent à lui faire mal aux pattes. Il faut qu'il fasse très attention aux voitures et même des enfants parfois lui courent après pour l'attraper. Alors Carotin se cache de ci de là. En se cachant, une fois, il tombe museau à museau avec un chat tout blond avec une grosse tâche noire autour de l'œil droit, et cet idiot, s'est mis en colère:

- Qu'est-ce que tu viens faire chez moi! Tu n'es pas d'ici. Ce n'est pas ton territoire. Vas-t-en!

- Oh là là répond Carotin. Tu n'es vraiment pas accueillant. C'est vrai que je ne suis pas de cette ville. Mais tu pourrais être gentil avec les visiteurs. Tu sais si tu viens un jour dans notre clairière, tu peux être sûr que tu seras le bienvenu.

- Peut-être, mais nous ici nous n'aimons pas les étrangers. Nous ne savons pas pourquoi, mais nous ne les aimons pas. Et le chat part la queue bien droite en haussant les épaules en murmurant:

- C'est vrai ça, il n'a qu'à rester chez lui!

Carotin est très étonné de cet accueil. Il ne connaît pas de gens aussi stupides que cela.

Il file sur le trottoir d'un chemin dur qui monte, et là il arrive sur une grande clairière où il y a des chemins en terre, des fleurs et même des arbres. Cela lui fait plaisir et il court se cacher sous les arbres pour faire une petite sieste.

A peine réveillé, Carotin voit un ballon rouler dans une allée toute proche. Il trouve cela très drôle et d’un bond il court après le ballon et le fait rouler loin tout au fond de l’allée.

- C’est chouette se dit-il, ils organisent des jeux.

Il laisse filer le ballon dans la pente et revient vers les buissons. Il entend :

- Maman, maman, il y a un lapin qui a pris mon ballon.

- Allons Mathieu, ne dit pas de bêtises, il n’y a pas de lapin en ville. Seulement chez Monsieur Marcel quand nous allons à la campagne.

- Mais si maman, d’ailleurs, il s’est caché là derrière !

- Au lieu de dire n’importe quoi viens avec moi chercher le ballon. Si on le perd, ton père va encore rouspéter.

Carotin regarde partir la dame et le petit garçon. Il voit sur un banc pas trop loin un petit morceau de pain posé. Il fait trois petits bond, puis un grand, il attrape le pain entre les dents et file vite se cacher dans son buisson. Il entend une fille qui crie et qui pleure :

- Maman, maman, le lapin à pris mon goûter !

- Quoi ! Un lapin qui a pris ton gouter ?

- Oui, il est parti par là-bas.

- Dites gardien, dit la dame à un monsieur en uniforme qui passait par là, il y a un lapin qui a volé le gouter de ma fille.

- Oh ! Madame répond le gardien, il y a bien longtemps qu’il n’y a plus de lapins dans ce jardin.

- Ben alors je n’y comprends rien dit la dame en consolant sa petite fille qui pleure toujours.

Carotin qui a tout entendu se fait tout petit derrière le buisson. Il a peur de se faire prendre. Malgré tout il grignote vivement le gouter de la petite fille. Il regarde passer les gens dans les allées, et d’un coup, comme s’il y avait eu un signal toutes les personnes et les enfants s’en vont et il n’y a plus personne dans le jardin. Alors il s’installe confortablement dans un coin plein de feuilles mortes pour passer la nuit. Il rêve un peu à sa clairière, à ses amis, à Pépé Lapin, mais il est si content d’être à la ville. Le matin c’est un gros bruit qui le réveille. Des hommes habillés tout en vert vident les caisses grises dans un gros camion. Carotin constate qu’il pleut seulement sur l’herbe verte de cette clairière de la ville. Alors il va vite dessous pour se faire tout propre.

- C’est bien se dit-il, à la ville il y a des douches dans les clairières.

Quand il se sent bien propre, il décide de partir visiter la ville où il fait un beau soleil. Il se glisse entre les barres de la grille et marche prudemment le long du trottoir. Il arrive à un endroit où il y a plein de tables et de chaises dans la rue, avec des gens assis qui attendent en buvant dans une sorte de gobelet. Pour mieux les regarder, il saute sur une chaise et se cache sous le bord de - la nappe. Il écoute les gens qui bavardent, certains sont seuls et lisent un journal. Heureusement que Pépé lapin lui avait expliqué tout cela avant de partir. Carotin trouve très drôle toutes ces allées-venues et à un moment une dame habillée en noir avec un tablier blanc passe juste à coté de sa chaise. Carotin qui a toujours envie de s’amuser, lance sa patte et attrape le bout du cordon qui pend dans le dos de la dame. Aussitôt le tablier tombe par terre. Cela donne envie de rigoler à Carotin, mais ce qui le fait le plus rigoler c’est d’entendre la dame qui dit d’une voix très en colère :

- Qui a fait ça ? Ah c’est vous ! Tenez ! !

Carotin entend un grand claquement, et levant la nappe, il voit que la dame a donné une grande tape sur la joue d’un vieux monsieur.

- Mais mademoiselle, je vous assure que je n’y suis pour rien.

- Oui, c’est ça, c’est peut-être le père noël !

Alors le vieux monsieur se lève et s’en va en rouspétant :

- Ce n’est pas croyable à mon âge de me faire gifler par une gamine alors que j’étais tranquillement installé à boire mon café. Vous n’êtes pas prêt de me revoir.

Bien sûr, Carotin est tout content de sa bonne blague, et quand la dame passe de nouveau devant sa chaise il attrape une nouvelle fois le bout du cordon, et de nouveau le tablier blanc tombe par terre.

- Ah ! Ça commence à bien faire dit la dame très en colère. Carotin voit qu’elle regarde à droite, à gauche mais comme il n’y a personne, elle n’a plus de joue à taper. Alors elle commence à soulever une nappe puis une autre. Carotin sent venir le danger, il saute de la chaise et s’en va en courant sur le chemin dur. En partant, il entend crier derrière lui :

- Satané petit lapin, c’est toi qui t’amuse à me faire des farces. Si je t’attrape, je te transforme en civet.

Carotin entend à peine la fin de la phrase. En chemin, il rencontre un grand garçon qui file à toute allure sur une planche avec des roulettes. Il trouve cela très drôle et saute sur la planche entre les pieds du garçon pour faire un bout de chemin avec lui et participer à ce nouveau jeu. Le garçon est tellement étonné qu’il regarde entre ses pieds et vient taper contre un poteau planté idiotement au milieu du trottoir. Alors, catastrophe le garçon tombe sur le trottoir, le planche bascule, Carotin part comme une boule de poils vers le caniveau. Ile entend des gens courir en criant :

- Mon dieu, mon dieu que s’est-il passé ? Ah ! Ces jeunes, comme ils sont imprudents. De mon temps on était plus respectueux des gens qui marchent sur les trottoirs.

Carotin, à demi assommé se remet vite de ses émotions. Il se dit seulement :

- J’ai dû faire une bêtise, il est temps que je file vite.

Il court le long du caniveau sans se faire remarquer, seul deux enfants habillés de bleu et de blanc disent :

- Regarde maman, il y a un lapin qui court dans le caniveau. Regarde comme il est joli. Il a filé derrière la voiture là-bas.

Oui, Carotin à filé très vite. Il arrive à un carrefour des chemins durs au milieu duquel il t a un monsieur tout habillé de bleu sombre. Il a l’air sévère avec un bâton tout blanc dans sa main. Ne sachant où aller Carotin part en courant et traverse le carrefour en passant entre les jambes du monsieur en bleu. Celui-ci est tellement étonné, qu’il fait de grands mouvements avec son bâton blanc, et il émet un bruit strident avec le sifflet qu’il a dans sa bouche. Aussitôt, toutes les voitures démarrent et se trouvent coincée au milieu du carrefour devant le monsieur en bleu qui est rouge de colère.

Arrivé de l’autre coté du carrefour, Carotin ne comprend pas ce qui s’est passé, mais il entend que toutes les voitures font un bruit infernal avec des sortes de trompes comme en ont parfois les chasseurs. Carotin entre dans une clairière de ville pour se reposer un peu. Il trouve qu’il y a vraiment beaucoup d’animation dans une ville.

- Quel beau voyage je suis en train de faire.

Il sommeille un moment au milieu d’un massif de fleurs, puis continue sa promenade. Dans une partie de cette petite clairière, il y a un endroit où le sol est recouvert de sable, comme sur le bord de la rivière. Et dans ce sable il y a tout plein d’enfants qui jouent. Carotin aime bien les enfants, et il a envie de jouer avec eux. Lors il s’approche timidement et cherche à prendre la pelle d’une petite fille qui veut remplir son seau. Il veut l’aider bien sûr, mais une dame arrive vite et il l’entend crier encore très fort :

- Qu’est-ce que cela ! Un lapin dans ce jardin ! Et puis quoi encore ! Il va laisser des crottes de partout, il n’est peut-être pas propre ou malade, allez ouste fiche le camp sale bête.

Carotin file vite se cacher derrière les fleurs. Il trouve que les humain de la ville ne sont pas accueillants, pas gentils. Jusqu’au moment où une petite fille vient le rejoindre et doucement le caresse. Il se laisse faire, il aime bien cela. La maman vient rejoindre sa fille en marchant tout doucement pour ne pas faire peur à Carotin. Elle lui dit tout doucement :

- Il est très joli ce petit lapin. Il a dû se perdre pour être ici, surtout ne lui fait pas de mal, il faut toujours être très gentille avec les animaux.

- Maman est-ce qu’on peut le prendre pour le ramener à la maison ? Je lui ferais un nid très douillet pour qu’il puisse dormir, et je lui donnerai des carottes pour manger. Il sera bien, dit –oui- maman s’il te plait.

- Julia tu es très gentille, et je suis sûre que tu t’occuperais bien de ce lapin. Mais vois-tu, ces animaux sont faits pour vivre libres, et il faut savoir respecter leur liberté.

- Oui maman dit la petite fille avec un sanglot dans la voix. Je comprends, mais je lui fais encore une caresse.

Carotin est tout ému d’entendre ces mots et il fait son dos tout rond pour recevoir la caresse de la petite fille. Et il file trouver un coin pour passer la nuit.

Au matin, un rayon de soleil passe entre les feuilles et vient se poser juste sur l'œil de Carotin. Il secoue la tête en disant:

- Oh que j'ai bien dormi!

Il étire ses pattes, son dos, fait quelques mouvements de gymnastique et se sent prêt pour cette nouvelle journée de visite de la ville. Il se promène dans les rues, et comme il est encore tôt, il ne voit que des gens pressés qui ne s'aperçoivent même pas de sa présence. À un moment, en traversant un chemin dur, il passe à travers un groupe de personnes chevauchant des appareils avec deux grandes roues justes au moment où ils démarrent tous ensemble. Carotin entend derrière lui un gros fracas et quelqu'un qui crie:

- Mais qu'est-ce qu'il fiche là se satané lapin!

Carotin se retourne pour voir que tous les appareils avec leurs grandes roues sont entremêlés, et comme il ne comprend rien à tout cela, il continue sa route. Il a l'impression que son ventre est tout vide. Il a faim. À ce moment il passe sur un trottoir où sont alignées beaucoup de caisses remplie de fruits et de légumes. Quelle belle aubaine se dit Carotin, ce doit être un restaurant spécial pour les lapins. Alors il saute sur les caisses et bien sûr il choisit celle où il y a de belles carottes bien fraîches. Elles sont vraiment délicieuses. Carotin apprécie ces bons produits de la ville. Tout en grignotant, il se retourne pour voir tout une troupe de personnes qui le regardent faire en riant. Certains le montrent du doigt en disant:

- Comme il est joli!

- C'est un petit malin!

- Mais d'où vient-il?

Mais un monsieur en blouse blanche sort de la maison pour regarder ce qui se passe et quand il voit Carotin, il est en colère:

- Allez sale bestiole, fiche le camp de là. Mais c'est qu'elle m'a mangé mes plus belles carottes! Et vous ça vous fait rigoler, allez-vous en aussi!

Oh là-là se dit Carotin en faisant de grands bonds pour s'échapper. Il y a des gens qui ont vraiment mauvais caractère.

Vers une nouvelle clairière de ville, il y a quelque chose qui l'intrigue. Une sorte de jeu qui tourne avec de la musique. Carotin trouve cette musique très jolie et très entraînante. Il s'approche et voit des animaux en bois, des petites voitures qui tournent avec des enfants dessus. Au passage il saute et se cache dans une des petites voitures. Comme c'est amusant de tourner, comme c'est gai toute cette musique. Chaque fois que ça s'arrête de tourner, il entend des enfants dire:

- Encore un tour, encore un tour!

Alors là, quand ça ne tourne plus il se cache bien parce qu'il y a un grand monsieur avec une grosse moustache qui fait le tour pour surveiller. Et le manège repart et Carotin est tout content. Il reste longtemps comme cela à faire des tours et des tours, jusqu'au moment où un grand garçon monte et met son pied sur sa queue. Ouille! De nouveau il se sauve en courant.

Il se dit que maintenant qu'il a bien vu la ville, il est peut-être temps de rentrer à la clairière. Mais quelle route dois-je prendre se dit-il. Alors il se souvient ce que lui avait dit Pépé Lapin:

- Pour revenir, tu prends la direction où le soleil se couche.

Comme la journée se termine, il regarde où est le soleil et il file dans cette direction. En courant, c'est de peu qu'il évite les roues d'une voiture qui va très vite. En marchant vite il s'aperçoit qu'il y a moins de maisons, et bientôt il retrouve le fossé par lequel il est venu. Là il trouve un gros tuyau pour passer sa dernière nuit de cette belle balade. Le matin c'est encore le bruit de voitures qui le réveille. Il se met en route, il marche, il trotte, il saute tellement il est content de rentrer chez lui pour retrouver tous ses amis. Il reconnaît un grand arbre bien feuillu, et se dit:

- Ah! C'est là qu'il faut tourner pour rejoindre la clairière.

Il saute à travers la forêt et d'un coup, c'est là, il voit sa clairière. Il entend un grand cri:

- C'est Carotin, c'est Carotin, il est revenu!

Tous ses amis sont là et ils font une ronde autour de lui. Pépé Lapin arrive avec un large sourire:

- Ah Carotin soit le bienvenu dans la clairière, as-tu fait un bon voyage.

- C'était super, un merveilleux voyage. Je me suis bien amusé. Allez les amis, venez vers la source, je vais tout vous raconter.

Tous les lapins s'assoient en cercle à coté de la source. Carotin monte sur une pierre et il commence à raconter. Il est très fier de dire toute son histoire. Un peu à l'écart, il voit Pépé Lapin qui l'écoute avec attention. Tous les petits lapins lui posent des tas de questions, et Carotin répond avec plaisir. Un de ses amis lui demande:

- Quel est le meilleur moment de ton voyage?

Alors dans un sourire, Carotin répond:

- Celui ou je suis revenu dans la clairière pour retrouver mes amis!

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Commentaires
H
ravissante cette histoire. Puis-je la mettre sur mon blog ? En échange je vous donne celle-ci. Amitiés<br /> <br /> LE PETIT LAPIN QUI VOULAIT ETRE ROUGE<br /> <br /> Il était une fois un ravissant petit lapin tout blanc, tout blanc comme un flocon de neige. Sa maman le trouvait magnifique. Ses frères et sœurs, tous gris perle, marron foncé ou beige tendre, le trouvaient eux aussi absolument superbe, et en ressentaient même parfois un petit peu de jalousie. <br /> Et lui, le petit lapin ? <br /> Eh bien il était FU-RI-EUX !!<br /> Tout ce blanc ne lui plaisait pas du tout, du tout ! il se trouvait pâle, fade, pouah ! <br /> Lui, il aurait voulu être rouge !<br /> <br /> "Rouge ?" s'étonnait sa maman.<br /> <br /> "Rouge ! " s'esclaffaient ses frères et soeurs, en agitant leurs oreilles avec allégresse.<br /> <br /> "Oui, oui ! rouge, comme les roses rouges, les framboises, les groseilles .."<br /> <br /> "Les tomates ! terminaient ses frères et soeurs " tu serais la seule tomate à pattes du monde entier !" <br /> <br /> et ils s'écroulaient de rire les uns sur les autres, malgré le regard courroucé de leur maman ...qui, il faut bien le dire, avait grand mal à ne pas sourire pour ne pas faire de peine à son petit. Elle essayait de le raisonner :<br /> <br /> "Mais mon chéri ce n'est pas possible. On n'a jamais vu un seul lapin de cette couleur - Cela n'existe pas. Et tu n'as pas besoin de devenir rouge pour que je t'aime !" <br /> <br /> et elle l'embrassait tendrement.<br /> Alors il se cachait dans un coin pour bouder, pleurnichait un peu, soupirait beaucoup, et finissait par s'endormir...et rêver qu'il était de la couleur magique. Mais bien sûr, à son réveil, rien n'avait changé.<br /> <br /> Un jour, petit lapin prit une grande décision. Il allait partir, quitter le terrier natal, parcourir le monde. La terre était si vaste, les pays si nombreux, la nature si merveilleusement inventive. Il existait sûrement, quelque part, un pays où les lapins étaient rouges ! Ce pays, si loin qu'il soit, petit lapin le découvrirait. Il attendit la nuit, s'assura que toute sa famille était profondément endormie, et se faufila dehors sur la pointe des pattes, n'emportant pour tout bagage que quelques carottes. Pour le reste, il aviserait ! Heureusement, la lune était pleine et l'on y voyait parfaitement. <br /> Au moment de s'enfoncer plus profond dans les bois, le jeune fugitif sentit un pincement au cœur : qu'allait penser sa maman ? Elle allait s'inquiéter, avoir peur pour lui...peut-être pleurerait-elle ? Mal à l'aise à cette idée il faillit renoncer, mais son désir fut le plus fort. Ses frères et sœurs sauraient certainement la consoler, et elle serait tellement émerveillée à son retour qu'elle oublierait son inquiétude.<br /> <br /> Et hop, voilà notre explorateur en route. Pas trop rassuré tout de même ! maintenant qu'il n'était plus à l'abri du terrier, les avertissements de sa maman sur les dangers de la forêt lui revenaient en mémoire ; il sursautait au moindre frôlement, et au moindre craquement plongeait dans les buissons, le cœur battant ; le plus léger nuage assombrissant la lune l'immobilisait sur le chemin, mais sa peur cédait lorsqu'il s'imaginait revenant chez lui, revêtu de sa somptueuse fourrure toute neuve d'un rouge profond, et racontant ses terribles aventures à ses frères et sœurs bouche bée. Pour le coup, ils ne songeraient plus à se moquer de lui ! Mais d’abord, il fallait découvrir le fabuleux pays et donc…marcher.<br /> Et il marcha, marcha, marcha. <br /> <br /> Des heures avaient passé ou peut-être des jours, il ne comptait plus tant il était fatigué, tant il avait mal aux pattes, et soif, et faim, car ses quelques pauvres carottes étaient croquées depuis longtemps et il n'avait rien trouvé d'autre à se mettre sous la dent. Et toujours nulle trace du pays des lapins rouges ! Mais il ne s'avouait pas vaincu. Tout, plutôt que de revenir sans avoir réussi, et d'affronter les reproches de sa maman, les réflexions des voisins et l'ironie des autres lapins. Il fallait tenir ! Trouver ! <br /> <br /> Dieu seul sait ce que serait devenu ce petit entêté sans la chouette et l’écureuil. Madame la Chouette, Hulotte de son prénom, était très âgée. Elle habitait dans un très vieil arbre, non loin de la famille lapin. Comme toutes ses congénères, elle vivait surtout la nuit. Et cette nuit-là, alors qu’elle se préparant à aller faire son marché, elle avait aperçu notre petit ami qui se glissait tout doucement hors de chez lui et s'éloignait à vive allure. Très intriguée, car elle se doutait bien que jamais sa maman ne lui aurait permis de sortir seul à pareille heure, elle s'était mise à le suivre discrètement, passant le relais à un écureuil roux de ses amis lorsque le soleil s'était levé. Au retour du crépuscule, l'écureuil vint lui indiquer où se trouvait maintenant le voyageur,. Oh, pas vraiment loin en fait, il était bien trop épuisé pour avancer très vite. Madame la Chouette décida qu'il était temps de mettre un terme à cette histoire. Quelle que soit la raison de son équipée, s'il ne rentrait pas chez lui au plus vite, ce jeune nigaud allait mourir d'épuisement, ou terminer dans l’estomac d’un prédateur. Elle s'envola, le repéra, le dépassa et se posa au sommet d'un arbre à quelques mètres de lui. Puis, elle fondit brusquement sur lui, brassant l'air bruyamment de ses ailes et lançant un hululement à vous glacer le sang. Le résultat dépassa toutes ses espérances. Le jeune héros sauta en l'air, les yeux exorbités et se rua comme un fou dans la direction exacte...de son terrier ! Il volait littéralement, traversant les buissons sans prendre garde à leurs épines, oubliant sa fatigue, son estomac creux, et même cette magnifique fourrure rouge pour laquelle il avait entrepris l'aventure. Il n'avait qu'une idée : courir, courir, fuir sans s'arrêter le plus loin possible de ce monstre épouvantable qui avait failli l'emporter. Pendant ce temps, le monstre en question, très satisfait de son effet, suivait à bonne distance pour s'assurer que le fuyard prenait le bon chemin. Enfin, après une course éperdue qui sembla au pauvre lapineau avoir duré des siècles, il poussa un cri de joie : chez lui ! Il était revenu chez lui ! Il reconnaissait la clairière, et là droit devant, le terrier ! Il se précipita dans le trou et s'affala par terre, hors d'haleine...Pour se trouver face à 8 paires d'yeux, dont une au moins manifestement furieuse ! <br /> Mais brusquement, au grand ébahissement du coupable, un éclat de rire général secoua ses vis-à-vis. Ils se tenaient les côtes, ils en pleuraient, tellement qu'ils ne parvenaient pas à articuler une seule parole. De plus en plus vexé, il se releva, tapa de la patte et cria :<br /> <br /> "Mais arrêtez-vous, enfin ! Expliquez-moi, qu'est ce qui vous arrive !"<br /> <br /> Toujours riant, sa maman, le prit par le bout d'une oreille et le tira devant le miroir, en lui disant : <br /> <br /> "Regarde toi même ! Tu as ce que tu voulais, comment te trouves-tu ?"<br /> <br /> Et là, en face de lui, le contemplant de ses yeux ronds, il vit un petit lapin... rouge de la tête à la queue, avec en prime une ou deux feuilles vertes coquettement collées sur les oreilles ! Interloqué, il mit quelques instants à se reconnaître, et à comprendre. Dans sa fuite, il avait dû traverser sans s'en rendre compte des buissons de mûres, de fraises et de framboises sauvages, dont le jus en se répandant avait peu à peu teint sa belle fourrure blanche. <br /> <br /> "Beurk ! " fit-il. Je me préférais avant !"<br /> <br /> "Moi aussi, moi aussi !" <br /> <br /> crièrent tous ses frères et ses sœurs. Quant à sa maman, elle ne dit rien, mais elle sourit d'un air satisfait...et lui fit prendre immédiatement un bon bain ! <br /> <br /> Le petit lapin n'est plus jamais reparti chercher le pays des lapins rouges. Et pas seulement à cause de la terrible frayeur qu'il avait éprouvée, mais parce qu'il a compris combien tous les siens avaient eu peur pour lui, combien ils avaient été soulagés de le revoir, bref combien il l'aimaient ! Et dans ces conditions, la couleur, franchement, quelle importance, pas vrai ?
L'écritoire du baladin
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