Journée en famille

Aujourd’hui, il fait un temps splendide sur la forêt. Sur le bord de la clairière exposé au sud une falaise laisse chauffer ses rochers sous le soleil de juillet. Autrefois, lorsque les hommes venaient encore dans cette forêt, ils coupaient les arbres pour fabriquer leur charbon. Quelques branchages de frênes abritent l’entrée de la grotte. Sur la droite, un petit ruisselet apporte son eau toujours fraîche et le doux gazouillis qui se mélangent aux chants des oiseaux. Parfois une famille de loutres vient ici y faire une petite toilette rafraichissante.

Dans la grotte, une famille vit là depuis bien longtemps. Et tout porte à croire que longtemps encore ils resteront. Il est vrai que le chef de famille sait se faire respecter. Sa haute stature, sa voix grave, mais aussi son sens du devoir et de l’implication font de lui le personnage de référence de ce coin de forêt. Pourtant c’est quelqu’un de doux, de calme, de très gentil. Nounours, c’est son nom, son vrai nom. Son pelage est d’un brun foncé magnifique. Les poils, un peu longs restent souples et lumineux sous le soleil estival. Avec un pelage un peu plus clair, Noursette sa compagne a ce regard plein de cette tendresse qui un jour, a fait craquer Nounours. Depuis ils vivent ensembles dans la grotte. Pour accueillir sa compagne, Nounous a fait plein d’aménagements : Des branchages pour en protéger l’entrée du vent froid d’hiver. Une zone avec une grande pierre plate pour les repas. Un renfoncement toujours frais de la grotte sert à protéger les réserves pour l’hiver. Dans le fond, sur un lit de sable, Noursette a aménagé des branches bien flexibles pour faire un couchage douillet pour toute la famille. Toute la famille, parce que en s’aimant beaucoup, la famille s’est agrandie avec deux petits Noursons et deux petites Noursonnes. Ces quatre enfants sont toujours très respectueux de leurs parents. Il faut dire qu’ils en ont un peu peur. Quand papa Nounours se met en colère, cela fait un bruit très fort dans la forêt. Si maman Noursette lève sa patte, alors ils ont vraiment peur qu’elle retombe trop vite sur leurs petites fesses. Ce qu’ils aiment, c’est jouer ensemble dans la clairière. En ce moment, ils ont plaisir à patauger dans le ruisselet et de s’éclabousser de grandes gerbes d’eau. Parfois, ils jouent à la cachette sur les bords de la forêt. Là, le gros tronc couché à terre, c’est leur siège quand c’est l’heure de la classe. Tantôt Nounours, tantôt Noursette, viennent expliquer aux Noursons et aux Noursonnes tout ce qu’ils doivent savoir pour devenir adulte. Par exemple, Noursons enseigne les nuages ; comment savoir les reconnaître ; Comment prévoir le temps qu’il fera demain. Cela est une leçon très intéressante et tous quatre sont passionnés et posent des tas de questions à leur papa professeur. Il enseigne aussi les arbres. Le nom de tous les arbres de la forêt et bien sûr de savoir ce que l’on peut faire avec les différentes variétés. Comment couper une branche de sapin, comment faire un piquet avec une branche d’acacia. Noursette enseigne la cueillette. Quels sont les différents fruits que l’on peut manger dans la forêt. Et aussi ceux qu’il ne faut absolument pas manger parce qu’ils sont dangereux et qu’ils peuvent nous rendre très malade. Elle leur apprend surtout à être ordonnés. C’est important pour plus tard d’être bien ordonnés. D’ailleurs, elle ne supporte pas le désordre dans la grotte. Si elle voit quelque chose qui traîne quelque part, elle lève sa patte, et avant qu’elle retombe, Noursons et Noursonnes s’activent et tout rentre vite dans l’ordre.

Aujourd’hui, Nounours a réunis Noursette, les deux Noursons, et les deux Noursonnes.

- Nous allons profiter du beau temps et nous allons faire une promenade. Tout d’abord nous irons faire quelques courses au supermarché. Ensuite nous irons sur le bord du lac pour pique niquer et peut-être nous baigner. Noursette eu un sourire de contentement et les quatre petits se mirent à sauter de joie.

- Oui papa Nounours c’est super, c’est formidable.

Mais comment allons-nous partir dit la plus petite des Noursonnes. C’est loin et je vais être très fatiguée. Nounours a un petit sourire sur le coin des lèvres qui veut dire qu’il y a encore une surprise.

- Hier je suis rentré très tard du village. Et vous voyez là-bas sous ce tas de branchages, c’est là que j’ai caché ma surprise.

- Oh ! Mais qu’est-ce soupira Noursette.

-C’est quoi papa, c’est quoi papa s’écrièrent Noursons et Noursonnes.

- Venez voir dit-il fièrement en enlevant les grosses branches qui cachaient la surprise.

Et là, il y a un moment de grand silence. Elle est belle, rouge, longue, elle étincelle.

- Dis papa Nounours, c’est quoi, j’ai jamais vu ça. Dit le plus âgé des Noursons.

- Ceci est une motocyclette familiale répondit avec fierté Nounous. Comme vous pouvez le voir elle a un moteur et il faut mettre de la sève de cèdre dans le réservoir pour la faire fonctionner. J’ai choisi une bonne marque, c’est une Oursondada, ça vient de très loin.

- Mais, est-ce que l’on va tous pouvoir monter dessus dit Noursette émerveillée.

- Bien sûr ! répondit Nounours des sa voix grave, voyez comme la selle est longue. Moi, je m’assoie devant. Exactement ici. Ensuite, les deux Noursons, l’un derrière l’autre. Ensuite les deux Noursonnes. Et enfin Noursette qui sera chargée de vérifier que tout le monde reste bien en place. Alors c’est d’accord, on part ? Dit-il en relevant la tête.

Noursette s’approche de lui et lui fait une grosse bise bien sonore sur la joue.

- Tu es le plus gentil de Nounours !

Nounours s’installe le premier. Il tourne un bouton, avec son pied appuie un coup sec sur un levier et vroum vroum le moteur est parti tandis que petite fumée bleue sort d’un tuyau vers l’arrière. Avec joie les Noursons s’installent, vite suivis par les Noursonnes.

- Hé là ne poussez pas vous allez nous faire tomber !

Noursette s’installe à l’arrière, tend ses bras et empoigne la fourrure de Nounours, et ainsi fait deux barrières pour protéger les petits. Nounours tourne un peu la poignée et, merveille, la motocyclette commence à avancer sur le sentier. D’abord doucement, puis de plus en plus vite. Elle est un peu bruyante et laisse un joli panache bleu derrière elle avec une douce odeur de résine. Personne ne parle. Pour ne pas troubler le conducteur. Pour apprécier la beauté du paysage. Mais peut-être aussi parce qu’ils ont tous un peu la trouille. Mais quelle fierté dans leurs regards ! La motocyclette saute les trous et les bosses, et les Noursons et les Noursonnes font des oh ! Des ah ! Nounours est très prudent, il ne veut pas risquer un accident. En arrivant près du village ils croisent des personnes connues qui comme eux viennent faire leurs courses. Il y a la famille Renard, qui toujours malins, marchent en file indienne le long d’un mur pour être à l’ombre. En grand désordre il y a plusieurs familles Chicken, des étrangers qui marchent en désordre. Ils ont préféré rester sur le trottoir opposé parce qu’ils ne s’aiment pas beaucoup avec la famille Renard. Un très vieux conflit. Les loirs se sont arrêtés un moment à l’ombre pour se reposer.

Au supermarché, Oursomarket, Nounours, Noursette entrent suivis des enfants. À peine entrés les Noursons disent :

- Nous voulons des bonbons.

Les Noursonnes disent :

- Nous voulons des gâteaux !

Et Noursette dit :

- Taisez-vous un peu, ce n’est pas vous qui commandez !

Noursons et Noursonnes grognent un peu et partent jouer à cache-cache dans les allées. Nounours achète du pain et des pommes de terre. Noursette achète du lait des gâteaux et de grands pots de miel. Nounours trouve une magnifique paire de lunettes spéciales pour piloter les motocyclettes. Prends les lui dit Noursette, c’est bientôt ton anniversaire, je te les offre. Nounours lui fait un sourire tendre et discrètement lui pose un baiser sur le front. À la sortie du magasin, ils rangent soigneusement les provisions dans les belles sacoches neuves de la motocyclette et les voilà repartis vers le lac.

- Comme tu es beau papa avec tes lunettes lui dit un Nourson en démarrant.

La route vers le lac est d’abord toute droite, puis fait une large courbe en entrant dans la forêt. La motocyclette abandonne la route à l’arrivée ver le lac, pour continuer sur un étroit sentier.

- Arrêtons-nous là dit Nounours, nous y seront tranquille. Le coin est très ensoleillé.

Il arrête la motocyclette pendant que Noursette étale une couverture sur le gazon. Ils s’assoient tous un moment calmement puis les enfants comme à s’agiter.

- Il fait chaud disent-ils.

Nounours et Noursette eux aussi ont très chaud. Nounours propose :

- Comme nous sommes tranquilles ici, nous allons nous déshabiller et quitter notre fourrure.

- Oui, c’est super disent en chœur les enfants, merci Papa !

- C’est un peu gênant dit Noursette, nous n’avons pas de maillot de bain. Et si quelqu’un passait.

- Je vais trouver ce qu’il faut dit Nounours. Commence à te mettre à l’aise.

S’étant éloigné vers les arbres, Nounours revient en disant :

- Voilà, j’ai ce qu’il nous faut.

Pour lui son maillot sera une grande feuille de platane et pour Noursette trois pétales de coquelicot.

En se retournant, une Noursonne dit :

- Tu es très belle maman, et toi aussi papa tu es très beau.

- C’est vrai que le rouge te va bien ajouta Nounours d’un air amoureux en prenant la patte de Noursette dans la sienne.

Pendant ce temps les quatre lascars profitent de la baignade. Très tôt ils ont appris à nager. Et sans leur grosse fourrure traditionnelle, comme ils sont à l’aise pour se lancer de l’eau. Et floc, et floc font leurs mains en tapant dans l’eau de l’étang.

- Aller on fait la course : Le premier arrivé vers le gros tronc dit le plus âgé des Noursons.

Bien sûr, c’est lui qui gagne, très fier de ses capacités. Mais la petite Noursonne est aussi très contente d’être arrivée juste après son frère. Au bout d’un long moment, ils sortent de l’eau fatigués. Maman Noursette leur a préparé des tartines de miel sur des grosses tranches de gâteau.

- Oh ! Merci maman, merci papa, vous êtes vraiment de gentils parents. Si tu veux maman, ce soir c’est nous qui ferons le ménage de la grotte.

- Vous êtes très gentils vous aussi dit Noursette, mais le ménage a déjà été fait ce matin pendant que vous étiez en train de jouer dans la clairière.

Chacun reste un moment étendu sur la couverture en se laissant aller à sa rêverie. Nounours qui s’est endormis fait résonner tout le lac tellement il ronfle fort.

Quand le soleil arrive sur les arbres de la rive opposée, Nounours donne le signal du départ. Les enfants vous remettez vos fourrures, nous allons rentrer à la grotte. Chacun s’habille soigneusement et s’approche, pour prendre place, de la motocyclette. Noursette met dans sa poche les trois pétales de coquelicot en souvenir de cette belle journée. Le sentier pour renter chez eux se fait par moment un peu chaotique. Ils doivent même contourner le tronc d’un arbre mort qui coupe la route. Mais tant bien que mal et un peu secoués ils arrivent dans leur clairière et sautent avec souplesse de la machine.

- Elle est super ta motocyclette dit Noursette à Nounours. Celui-ci, comme tous les nounours est très fier du compliment.

- Je vais la ranger sous les grands arbres dit Nounours.

Le soleil se couche vite, ils sont très fatigués de cette belle journée. Très vite ils rejoignent leurs nattes de feuillage, s’installent confortablement et s’endorment. C’est le grand silence dans la grotte. Enfin presque, car Nounours s’est remis à ronfler.

NOTA : Pour écrire cette petite histoire, j’ai été inspiré par une bloggeuse qui nous offre régulièrement des pensées, des poèmes, des photos et des mots agréables à lire. J’espère qu’elle ne sera pas fâchée si j’ai mis en situation une Noursette et des Noursons. Mais j’ai trouvé ces noms si jolis que j’ai craqué. À bientôt, au fil de l’encre et au fil de l’eau. J’espère que Nounours n’est pas trop jaloux, parce que je ne suis pas très costaud !

Comments

[caranca]

Bonjour,
J'étais passé à côté de votre texte. Très franchement, je trouve plutot amusant et flatteur que je vous ai donné l'inspiration.