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L'écritoire du baladin
L'écritoire du baladin
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24 juin 2009

Bonheur

C’est un petit bonheur que j’avais ramassé. Il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé. Ainsi commence cette vielle chanson Québécoise. Le refrain était dans ma tête et le mot a sauté sur mon papier à la première sollicitation. Je suis content d’avoir trouvé ce mot, aussi je le regarde avec attention, avec tendresse, un rien protecteur.il est bien équilibré, deux syllabes sympathiques bon et heur. Ah ! C’est l’heure d’être bon sans doute. Peut-être est-ce plutôt la bonne heure… pourquoi, y en avait-il une mauvaise ? Et puis cette heure est-elle bonne à croquer, bonne à entendre, à humer, à écouter, à caresser ? Non c’est tout simplement une heure qui est bonne à vivre. Un de ces moments où j’ai l’impression que les soucis se reposent. Un de ces moments où le fait d’être là est essentiel, le corps est au calme, l’esprit est serein.

Je me suis assis à coté de mon mot, nous étions bien tous les deux .de temps en temps je tapotais sur son B, histoire de lui dire : « je suis toujours là, je suis bien ». J’ai même un instant entendu qu’il ronronnait. Alors ça ! Un bonheur qui est heureux, quelle joie ! Nous avons alors parlé, discuté des nouvelles du jour : un accident ici, un incendie là-bas et puis ça augment les prix et puis et puis… là j’ai senti qu’il commençait à se recroqueviller, la ligne de ses lettres était moins nette, comme ridée. De voir ce bonheur qui se fanait, j’ai été ému, un peu triste. Je me suis rapproche un peu de lui, je lui ai parlé de mes filles, de ma petite fille, de sa prochaine cousine ou cousin. Je lui ai parlé de ces moments que je partage parfois avec mes amis un verre à la main. Je lui ai parlé de ce paysage d’automne vu au bord d’un lac de Bourgogne avec ces couleurs qui explosent de beauté. Je lui ai parlé du plaisir d’être là à écrire pour parler de lui.

Il s’est tourné vers moi, m’a regardé droit dans les yeux avec un sourire. Manifestement il avait oublié les tracasseries du quotidien et face aux petits bonheurs de la vie, il s’est réjouit. Je l’ai même entendu rire. Je l’ai vu refleurir, il a même fait des bourgeons, c’était le paradis, ça se voyait sur son front.

Les mots se sont estompés, le rire est devenu sourire, la sérénité était là, je crois que nous nous sommes endormis. Sans un bruit.

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